• Journée des droits, pas de la femme

    Marina Abramovic

    The family 5

    2005

    Crédit photo Mike koedinger

     

     

    Journée en berne hier, Journée triste.

    Elle a montré le point zéro du statut des femmes.

     

    Cela avait bien commencé, pourtant.

    Coco, la speakrine de France Culture,

    avait paraît-il envoyé un mail à toutes les émissions,

    pour leur rappeler que ce n'était pas la journée de la femme,

    mais la Journée des Droits des Femmes.

     

    Cela n'a pas empêché la suite d'être désastreuse.

    Invitation de Cixous pour parler des femmes,

    comme si on ne devait l'inviter qu'à cette occasion,

    le coup de l'alibi, à elle, une de nos plus grands écrivains français,

    j'en avais honte pour Voinchet.

     

    Je vous passe la journée à entendre parler

    de la Sainte-Femme comme on dit la Saint-Valentin,

    de la Fête des Morts Femmes,

    on vous offre des roses, façon Fête des mères,

    ou des machines à pain, façon ménagère.

    Le message oscille entre discrimination des salaires,

    robes sexy et sex toys,

    temps partiel subi et libération sexuelle.

    Violence faite aux femmes versus fellation et sodomie.

     

    En fin d'après-midi, on eût droit à la caricature.

    Sur Canal, Ariane Massenet, très en forme et n'ayant rien à envier à Denisot,

    promit plus qu'elle ne tint : des invitées superbes, toniques,

    un bon début, les nanties parlent aux françaises,

    pour parler des plus pauvres, des sans-la, tu r'passeras.

    C'était caricature, le pompom arrivant avec l'inévitable Chippendale,

    introduit par Miss Météo, il en faut bien des jaunes dans le système.

    Sortie du gâteau, toutes les filles se croyant obligées d'hurler,

    ne pas crier, c'est ringard,

    ne pas s'hystériser, serait ignorer l'appel mâle :

    comment fait-on pour persuader les femmes

    d'accepter avec ravissement,

    ce statut dégradé d'elles-mêmes.

    C'est simple, une femme libérée

    porte nuisette, se fait visionner à poil sur internet,

    a des petits copains très riches qui paient pour leurs fringues.

    Sexe, bling-bling and beauté,

    nouvelle trilogie de la journée des femmes.

     

    Et quand on ne veut pas, quand on dit non, on nous cogne.

     

    J'ai zappé, pour retrouver en fin de soirée, le très décevant Frédéric Taddéi

    et la mufflerie de son plateau, rien à foutre des femmes,

    rien à foutre des chiennes de garde, rien à foutre de cette Journée,

    "nous les fêtes, on les fête pas" annonnait l'animateur.

    Bref, déjà qu'on n'est pas aidé le reste de l'année,

    comme le disait ce matin Guillon, les autres jours, c'est la fête aux hommes,

    même ce jour-là est décidément de trop pour des tas d'hommes.

    Les violents, parce qu'ils veulent pouvoir continuer à cogner leurs gonzesses.

    Les non-violents, parce que vaguement honteux d'être un de la communauté,

    vous savez, celle qui a pignon sur rue, la minorité qui truste tous les postes,

    qui surfe sur les avantages acquis qu'elle ne veut pas remettre en question.

    Pourquoi je défendrais les femmes, hein, pour perdre mon pouvoir ?

     

    Vague rougeur sur leurs joues, cou rentré, poings dans les poches,

    circulez, ils ne veulent rien voir.

    On comprend mieux qu'une femme meure tous les deux jours

    et demi du bras d'un proche, entre les violents et les couards,

    y a pas de place à vivre.

     

     

     

     


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