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L'affaire des Galettes de terre
Le déjeuner sur l'herbe (détail)
Florence Reymond
Crédit Photo Anthropia
Lyon, le 23 février 2009
Je monte dans un taxi.
Au rétroviseur, un de ces CD de décoration,
sur lequel est imprimé en rose et vert le contour d'une ile
dont je ne reconnais pas la forme,
heureusement, sur l'autre face en rose pâle,
le mot Haiti.
Haiti, les Tontons Macoutes,
la pauvreté,
les sols partis avec les ouragans,
et sur les marchés, comble de la régression,
passé récemment dans le Zapping de Canal,
"les galettes de terre",
dernier nutriment pour faire face au starving.
Le chauffeur, plutôt heureux de notre conversation jusque là,
se met en colère.
Haitien, il a une expertise, oui la situation politique,
oui l'exil pour cause de délit d'opinion,
oui les ouragans, oui la pauvreté,
mais les "galettes de terre", c'en est trop,
c'est de la conspiration, de la manipulation d'opinion,
car les "galettes de terre", Madame,
c'est une Délikatessen d'Haiti,
les femmes riches s'en font quérir à l'étale,
les femmes enceintes s'en délectent comme d'une envie de fraise,
la "galette de terre" est un gisement de sels minéraux,
une spécialité locale, qu'on a toujours mangé,
alors la filmer comme si c'était la métaphore de la pauvreté,
c'est péché.
Je quitte le taxi perplexe,
pourquoi la "galette de terre" dans les médias ?
Y en a-t-il davantage que jadis,
quand le taximan courait dans les allées de toiles ?
Ou les remarque-t-on aujourd'hui
pour illustrer d'un symbole le retour à l'état sauvage
des habitants de l'ile ?
Ce qu'on veut faire accroire.
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