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Meeting Charlie Jeffery
What is taken as given
Performance, 2009
Charlie Jeffery
Ferme du Buisson
TREASURES FOR THEATRE
Crédit photo Anthropia
Un artiste sur "scène" pendant deux heures,
deux heures à suivre un rouleau de procédures,
sourire, tomber, dancer, jeter du liquide, lire,
en séries d'actions qu'il enchaine.
Sur le sol devant nous, une radio,
un rouleau de mots précisant les gestes à produire.
un homme lit sur une page de papier prise dans une pile
une phrase, puis il lit la procédure et "sourit",
puis il suit le programme et "tombe",
puis il poursuit "allume la radio",
puis "se met à danser", puis "jette un liquide au mur",
puis recommence.
Sur commandes qu'il s'est données à lui-même.
"What is taken as given ?
Que considère-t-on comme acquis ?
Peut-on dans le même mouvement "enlever" et "donner" ?
En retirant quelque chose, des informations, une fonction, de la matière,
offrir de nouvelles possibilités ?
Quelles sont alors les forces en présence,
quelles frontières sont érigées, repoussées ou détruites ?
Durant la performance, des phrases sont, ont été griffonnées
sur des bouts de papier,
elles évoquent des événements flottants,
des choses qui se sont passées ou pas passées. What will be was.
Ces énoncés sont vagues, ne livrent aucune information précise
et ouvrent à une multiplication d'interprétations possibles.
Comment le corps trouve-t-il sa place dans tout ça ?
alors même qu'il est mal à l'aise, embarrassé, à la périphérie, sur la touche.
Chantant, déambulant, chutant, comment trouve-t-il une articulation possible ?
Va-t-il se laisser contraindre ? Ou exploser jusqu'à être de nouveau contraint ?
Comment occupe-t-il une durée dans cet espace ?
Va-t-il s'incarner dans un langage ? Le langage ancre-t-il le corps là où il est,
ou le laisse-t-il glisser, tomber, dans d'autres espaces,
s'effondrant et recommençant sans cesse ?
Quand l'événement a-t-il lieu ?
Qui finalement active l'espace ?"
Cet étrange Sisyphe qui remet sans cesse
ses tâches à l'oeuvre,
sans apparente intentionnalité,
mais qui ce faisant se libère d'une série de commandes,
comme si le rouleau des rituels à réaliser
trouvait nécessairement sa fin
et par là la libération d'un homme.
Selon moi, une réflexion sur notre programmation
d'hommes et de femmes contemporains,
tous embarqués dans les mêmes séries de mouvements,
avec l'illusion d'être libres.
Charlie Jeffery au bout de deux heures d'un tel programme
lève les bras, saute par-dessus le rouleau,
celui-ci s'est complètement enroulé,
l'homme est épuisé, mais bien vivant,
nous ayant donné à voir dans cette durée,
y compris durant ce long moment
où le public l'a quitté pour poursuivre l'exposition
le cycle d'une vie, le parcours, le chemin d'une libération.
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