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Moraline
Georges Segal
Homeless, 1989
FIAC 2007
Cliché Anthropia
Cela a le son de la naphtaline, l'odeur aigre-douce de l'huile de foie de morue, la couleur sépia des mots du XIXème siècle, cela s'appelle la moraline.
C'était l'époque où les nantis faisaient leurs bonnes oeuvres, les patrons catholiques construisaient des dispensaires, les femmes de bonne famille reprisaient les chaussettes dans les quartiers pauvres des faubourgs ; tout ce joli monde faisait dans la moraline.
Cette pensée à deux sous destinée à se donner bonne conscience.
Un peu comme aujourd'hui, quand Sarkozy fait l'aumône aux marins-pêcheurs, quand il augmente de 1 euro/mois les allocations familiales des familles de deux enfants, qu'il augmente le SMIC du minimum syndical de 1%.
La moraline, on croyait que les conquêtes du XXème siècle nous en avaient libérés. La moraline, on pensait que c'était bon pour les gueux, qui quittaient leur campagne, pour venir s'entasser dans les capitales régionales, à l'usine sur la chaîne, à l'atelier sur les machines à coudre.
Dire qu'on est revenu à cette époque, voir bientôt plusieurs millions de Français prêts à mendier ou aller à la soupe populaire, voir la faim revenir, les campements dans les villes, les maladies de pauvres s'installer durablement.
Pour un peu, j'en ferais moi de la moraline. Si je n'y préférais la radicalité de la lutte.
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