• Osez, osez Joséphine

    God nose

    John Boldessari

    Galery Gemini

    Art Basel Juin 2008

    Crédit Photo Anthropia

     

     

     

     

    Je vais me réjouir normalement de l’élection de ce Président normal.

    Normal, comme a titré joliment Libé.

    Oui, jamais je n’ai eu aussi peu d’espoir et de rêve suite à une élection présidentielle.

    Hollande, c’est le vote de la maturité. Tu votes en conscience qu’il fera moins mal que Sarkozy. Ce n’est pas difficile.

    Le Président élu, a été surnommé « nul » par le plus nul des nuls, je le prends comme un compliment venant de lui. Un compliment parce qu’il s’est trompé, l’a sous-estimé, n’a pas vu les apories nombreuses de son propre mandat.

    Quand on voit les analyses de Hollande, on se dit que ce qui a gagné, c’est son expertise, sa capacité à comprendre ce qui se passait, à saisir comme y réagir.

    Hollande a gagné parce qu’il a mieux anticipé que Sarkozy, a vu l’évolution des Français, a su trouver le type de synthèse qui pouvait surpasser le Président.

    Bien sûr que l’anti-sarkozisme faisait partie de l’équation : et il aurait eu tort de s’en priver. Mais après tout, l’anti-Sarkozisme étant une réaction au sarkozisme, Sarkozy n’y était pas pour rien.

    Mais s’il n’y avait eu que ça, Hollande n’aurait pas gagné. Il a compris que c’était son « moment », il a su s’y préparer plus de sept ans à l’avance, en faisant les détours nécessaires, en sautant son tour en 2007. Il s’y est pris avec tactique et prudence. Il a même analysé (sans prévoir toutefois ce qui est arrivé) l’inadéquation de DSK « trop universitaire » pas assez « homme politique » ; et d’une certaine façon, c’est bien son manque de motivation politique qui a valu à DSK son échec. Pas assez motivé pour renoncer à ses démons.

    Hollande, outre sa posture électorale, a aussi su reprendre à son compte le vieil adage selon lequel on ne gagne qu’en rassemblant son camp, la gauche. Il a su intégrer des nouveautés dans son programme, même à faible niveau : le risque nucléaire (suppression de Fessenheim, centrale sur une zone sismique), l’atout « Jeune » (des aides pour les accompagner dans leur insertion) et l’éducation, l’espoir « immigré » en promettant le droit de vote local aux étrangers, le va-tout anti-riches (75% sur l’imposition au-delà du Million d’€) ; il a construit une synthèse qui rassemble plutôt que de s’appuyer sur des arguments clivants.

    Par-dessus tout, il a apporté un baume au cœur des Français humiliés depuis 5 ans, celui du respect et de la justice sociale, une sorte d’onguent qui faisait du bien, qui aidait à redresser la tête, à oser dire que non, le problème n’est pas les immigrés.

    Finalement le tour de force de Hollande, c’est justement de n’avoir rien promis d’extravaguant, de n’avoir pas fait d’effets de manche trop ostentatoires. On l’a élu parce qu’il était suffisamment normal et pas complètement fou, que son programme était raisonnable et pas hors propos, que sa posture était « juste » et pas outrancière.

    Si je peux souhaiter quelque chose pour ce quinquennat, c’est que son humour sauve Hollande du culte de la personnalité et du jeu des manipulateurs de tout poil qui envahissent la cour. Et sans doute aussi qu’il se mette à oser. Ose, ose, Hollande.


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