• Prendre ta douleur

    Liu Bellin

    Gallery OMR

    Artbasel 2008

    Crédit Photo Anthropia

     

     

     

    L'héautontimorouménos*


    A.J.G.F.
    Je te frapperai sans colère
    Et sans haine, comme un boucher,
    Comme Moïse le rocher !
    Et je ferai de ta paupière,

    Pour abreuver mon Saharah,
    Jaillir les eaux de la souffrance.
    Mon désir gonflé d'espérance
    Sur tes pleurs salés nagera

    Comme un vaisseau qui prend le large,
    Et dans mon cœur qu'ils soûleront
    Tes chers sanglots retentiront
    Comme un tambour qui bat la charge !

    Ne suis-je pas un faux accord
    Dans la divine symphonie,
    Grâce à la vorace Ironie
    Qui me secoue et qui me mord ?

    Elle est dans ma voix, la criarde !
    C'est tout mon sang, ce poison noir !
    Je suis le sinistre miroir
    Où la mégère se regarde.

    Je suis la plaie et le couteau !
    Je suis le soufflet et la joue !
    Je suis les membres et la roue,
    Et la victime et le bourreau !

    Je suis de mon cœur le vampire,
    - Un de ces grands abandonnés
    Au rire éternel condamnés,
    Et qui ne peuvent plus sourire !

    Charles Baudelaire (1821-1867)

    Les fleurs du mal

    *Bourreau de soi-même

     

    Et parce que le rythme de ce poème

    me fait invariablement penser à cette chanson de Camille,

    Ta Douleur, et en cas de difficulté avec le lien (http://www.youtube.com/watch?v=V7ryxk41HtI)

    En résonnance avec l'exposition More cheeks than slaps de Mircéa Cantor (ci-dessous).

     

     



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