• Un conte de Noël grinçant

    Melvil Poupaud et Chiara Mastroianni

    Un conte de Noël

    film réalisé par Arnaud Desplechins

     

    Entrons dans l'univers complexe et talentueux d'Arnaud Desplechins.

    Comme cela se passe parfois dans la vraie vie,

    une mère, Junon, Catherine Deneuve, n'aime pas son fils,

    -elle le lui dit et lui de même-

    mais a besoin d'Henri pour une greffe de moelle,

    pour se sauver d'une leucémie prévisible.

    On ne sait de quel mythe s'inspire cette histoire ;

    dans quelle mythologie un fils met-il sa mère au monde ?

    Le film lui-même se pose la question.

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    Il y a Elisabeth, la fille aînée,

    qui ne se remet pas de la mort

    d'un frère né avant elle, Joseph,

    mort d'une leucémie faute de donneur familial compatible.

     

    Mais est-ce bien cela ?

    Elle a bien compris que le fils mal-aimé,

    celui engendré pour sauver son frère,

    et qui a failli, faute de compatibilité,

    a développé une forme de perversion,

    agir comme un Docteur Faustus

    qui aurait vendu son âme au diable,

    il sème le désordre, cherche à se venger.

     

    Elle l'empêche de ruiner ses parents

    et en échange demande à la famille

    De ne plus le recevoir en sa présence ;

    les parents le bannissent des fêtes de famille,

    Et cela aurait continué comme ça, si la mère n'était pas tombée malade.

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    L'histoire en enfilade génère d'autres intrigues :

    le fils d'Elisabeth entre en schizophrénie,

    Lui aussi compatible et prêt à donner sa moelle.

    Un petit-fils donnerait-il la survie à sa grand-mère ?

    Le scénario oscille entre ces deux possibilités.

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    Et puis il y a le fils plus jeune de Junon

    Qui a joué aux dés sa fiancée avec son frère et son cousin.

    Et cette jeune femme, qui découvre que quelque chose

    de son destin lui a échappé,

    très beau rôle de Chiara Mastroianni,

    peut-être le plus beau du film,

    parce qu'une parole juste semble naître,

    dans la relation à Simon, le cousin.

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    Enfin, le père, dont le discours est à peine audible,

    Une voix qui en aurait deux,

    une voix caverneuse

    D'un repenti de la tabagie.

    Un authentique amant, musicien, artisan, lettré.

    Pas beau le père, mais aimable.

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    Voilà, tout cela s'emmêle, j'ai oublié l'amie juive d'Henri,

    Qui fuit la folle famille et les Noëls chrétiens.

    Tout cela se mixte, se détruit, se dévoile,

    Les comptes se règlent ou pas,

    Dans un conte grimaçant.

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    Mais plus le film avance, plus un soupçon s'insinue.

    Il résonne avec le passé d'Arnaud Desplechins.

    J'ai en tête le livre de Marianne Denicourt, ex-femme du réalisateur,

    Et qui ressemble curieusement à Elisabeth.

    J'ai en tête qu'elle lui reproche, à la suite de leur rupture,

    D'avoir raconté son histoire dans Rois et Reines,

    récit d'une femme qui a perdu son mari,

    dans une mort stupide, celui-ci enjambant de nuit la fenêtre de l'entrée,

    parce qu'il avait oublié ses clefs, et qui tombe de plusieurs étages.

    J'ai en tête que Desplechins a prétendu que c'était sa faute à elle,

    dans le film, elle refuse d'ouvrir la porte à son mari, d'où la chute.

    J'ai en tête une curieuse lettre que Desplechins envoie au fils,

    Pour lui raconter que sa mère a tué son père.

    J'ai aussi en tête qu'Eric Rochant, réalisateur d'Un monde sans pitié,

    a cassé la figure d'Arnaud Desplechins, qui lui a joué un sale tour,

    et qu'Hippolyte Girardot, mari d'Elisabeth dans le film,

    était aussi le héros du film de Rochant,

    qu'il casse la figure à Mathieu Amalric, figure desplechienne s'il en est,,

    qui vient de l'insulter en disant qu'il ne compte pas.

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    Et à voir ce film, tout à coup,

    j'ai l'impression que le Docteur Faustus,

    n'est pas l'excellent Mathieu Amalric,

    mais bien le metteur en scène

    D'une fable glauque

    qui vient se superposer au conte.

    Elisabeth et son fils fou qui la menace d'un couteau,

    une affabulation qui se veut menaçante ?

    Piètre vie d'Elisabeth délaissée par son mari,

    qui pleure chez son psy et chez son père

    en se demandant pourquoi elle est toujours triste,

    le père répondant que c'est parce qu'elle s'est séparée de son frère,

    une phrase subiliminale, lancée par Desplechins à la tête de Marianne ?

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    Tout cela ressemble à s'y méprendre à un règlement de compte

    A décoder, double langage, menace déguisée,

    Lettre mesquine envoyée par Henri à Elisabeth,

    Si peu crédible à ce stade de l'histoire,

    Ne serait-ce pas plutôt une lettre de Desplechins à Marianne ?,

    redonnée en cadeau de Noël par Elisabeth à Henri.

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    Et je sors de la salle, mal à l'aise.

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    Oui, tout est là pour une grande œuvre,

    Comme l'a dit Alain Finkelkraut,

    Qui y a dédié une de ses émissions, Répliques,

    Sur France Culture.

    Roubaix filmé comme dans un thriller américain,

    La bande son, un travail époustouflant,

    Chacun vivant dans son univers sonore,

    Avec quelques inserts d'adresses directes au spectateur,

    comme déjà vu chez Christophe Honoré,

    l'enchevêtrement narratif et le montage, de la belle ouvrage.

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    Mais quelque chose dissone,

    le but, l'enjeu du film,

    semble se perdre en route.

    On n'apprend rien du don final,

    même pas que c'est un don.

     

    Et cela se sent, trouble la vue,

    fait qu'on y voit double,

    c'est l'esprit de menace qu'on retient,

    d'un homme contre une femme,

    qui se sert de l'art

    pour prendre une bien vaine revanche,

    nous utilisant, nous public, au passage.

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  • Commentaires

    1
    CB
    Mardi 5 Août 2008 à 14:27
    Merci
    Voilà donc pourquoi je suis également sortie troublée par ce film alors que je ne connaissais pas l'histoire du réalisateur... Merci de m'avoir éclairée !
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