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Transformation sculptures
Peter Coffin
CREDAC, IVRY-SUR-SEINE
Crédit Photo Anthropia
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Transformation sculptures
Peter Coffin
CREDAC, IVRY SUR SEINE
Crédit Photo Anthropia
Transformation d'un instrument par l'absorption dans un trou noir,
stade de développement d'un foetus de chaussure,
évoquant une sorte de généalogie d'objet,
calcul mathématique faisant se déformer
en sculpture polyédrique une étoile de mer,
Peter Coffin donne à voir la mutation d'objets
sous l'effet de phénomènes naturels ou optiques,
une forme de récupération subjective de la science,
jamais convenue, qui nous fait accéder
à une compréhension plus fine de ces phénomènes.
Ce faisant, il nous invite à un jeu sur les figures,
sur un ton ironique ou utopique.
Ironie et utopie déjà perçues
avec son Make your own state
présentée au Palais de Tokyo (voir ci-contre).
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Wolf von Kries
Ferme du Buisson
Le site de Paul Jorion est un des rares sites qui explicitent en creux
les messages incompréhensibles des médias.
C'est ici. (clic-clic).
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Wolf von Kries
Ferme du Buisson
Crédit Photo Anthropia
Je dépasse le Monoprix de l’avenue Daumesnil. Suis en retard, zut, les bouchons du chantier Tramway de la Porte Dorée sont de plus en plus insupportables, pas prévus, dix minutes dans la vue.
Prévoir d’appeler le client cinq minutes avant l’heure d’arrivée prévue, c’est le quart d’heure de retard, c’est sûr, avec la pluie en plus, la veille du week-end de l’Ascension, toutes les voitures sont de sortie, j’aurais dû anticiper.
Mais ce matin, le réveil a été difficile. De quoi ai-je rêvé, déjà ? Ne sais plus. Dans le coltard total, la mine enfarinée, ces traits du visage quand ils sont fixes, une tête de psychorigide, sans expression. Curieux, quand une tête dit aussi clairement « fermé pour cause de rêve envahissant », fermé aux autres et à moi-même, comme si perdre toute réflexivité intérieure entraînait derechef la perte de communication externe. Mais pour me le dire, là, face à mon miroir, qui pense ça ? Je peux à la fois être fermée sur les minutes qui ont précédé mon réveil et recommencer à penser pour la suite. Combien de temps se passera-t-il avant que cela ne disparaisse de mon visage ?
J’ai tout fait en automate, me doucher, m’habiller, prendre mon portable, prendre l’ordi, ne pas oublier la clef de l’appart avant de fermer la porte, traverser le boulevard, monter dans l’auto et démarrer.
Me voilà dans la rue de Daumesnil, énervée, je me retiens de klaxonner, bouchon, roues à roues, on n’avance pas. Je passe devant ce traiteur, la façade ressemble à une petite maison, belle déco. Puis la file des vélibs, et tout à coup.
Lui, en costume de motard, blouson et pantalon de cuir noir et blanc, un chevalier, jeune, la frange sur le front. En face, un homme dans la cinquantaine, tout de noir vêtu, genre intello. Le jeune s’effondre dans les bras du vieux, le visage ravagé, les larmes luisent, ils s’embrassent. Le baiser. Une scène d’amour entre hommes. Une scène finale peut-être. Une condamnation, pour le jeune sûrement, je ne vois pas le vieux, de profil. Je sens qu’entre ces deux-là, il y a de l’amour très fort, très sincère, et qu’un événement s’est passé, ayant pour conséquence cette scène-là, la séparation. Longue étreinte, désespoir, mouvement des corps, dans les bras l’un de l’autre.
J’ai volé cet instant d’intimité, et soudain, tout dans mon corps lâche. Quelle importance, le travail, le bouchon, le retard, quand il y a de l’affect dans l’air. En moi des messages se succèdent : cessation de l’entêtement, amorçage de souplesse, cerveau droit en fonctionnement, le beau, le bien, la passion, éclaircie dans esprit brumeux, Ô temps, suspends… Insensiblement s’estompe le gris de Paris sous la pluie, son acidité d’ardoise, la rigidité de ses rues bloquées par les voitures. Je repense à la dernière fois où j’ai vécu ça, les larmes d’amour, et je me sens bien, pour la première fois ce matin.
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