• Débris de semaine : du rien, de l'histoire et puis de l'écriture

     

     

    Lundi 

    Me suis battue avec l’écriture toute la journée, pas centrée, comme si de l’incipit d’Anchorage dépendait la suite, tant qu’il n’est pas calé, le reste attend, en paragraphes serrés, le droit de sortir. Pression intérieure. Impression de flottement.

    L’arc-en-ciel, une bribe qui émerge, dont je sais qu’elle va électriser le texte, ça manquait. Mais mis en ligne aussi une construction bancale, tentative de recycler l’ancien incipit.

    Appris qu’un ami vient de perdre son fils ; il skiait hors piste, avalanche. Sa femme qui creuse un trou là où la balise Argos signale sa présence. Mais trop tard. Le monde à l’envers.

    Reçu petits messages d'excuse.


    Mardi

    Ce drôle de poème qui vient, me sens post-exotique.

    Revu En attendant Godot de Samuel Beckett, au Piccolo théâtre à Saint-Ouen. Suis allée leur donner un coup de main aussi. Je ne devrais pas dire revu, parce que tout à coup, là où je l’avais comprise comme un théâtre de l’absurde, du vide, du rien, la pièce m’est apparue dans sa dimension historique, la guerre, le juif errant, le nazisme, ce que je n’avais pas vu la première fois, parce que ma première fois était en 1984, je crois, avant mes lectures sur le judaïsme. Me permet cette double lecture la mise en scène sobre de Cécile Duval, de celles que j’aime, parce que mise au service du texte, sans chercher à la tirer dans une « pré-lecture », cette pièce fait entendre le message universel de l’homme dans sa solitude et celui particulier, à peine esquissé, ou effacé, quand on sait que Pozzo s'appelait Lévy, dans le manuscrit, de l’histoire d’un peuple et de ses petites conséquences, dans la même scénographie.


    Mardi

    Revu aussi parmi les spectateurs un ex-coloc, un des cinq, quand nous vivions dans une « commune » à Saint-Ouen dans les années quatre-vingt. Impression d’une proximité immédiate, comme si le temps vécu dans le quotidien d’une maison ne passait pas. Il y vit toujours dans la maison, rue de la G..

    Dans la nuit, ce rêve étrange, cette fille, Rachel, qui apparaît et dont je parle à une autre femme.

     

    Mercredi

    Des petits coups de fil sympas.

    Longuement retravaillé ma construction bancale et trouvé un enchaînement qui va bien. Attends de me relire dans le froid du lendemain matin tôt pour être sûre que c’est la bonne version.

     

    Jeudi

    Tôt, lu un texte de quelqu’un que j’aime lire, qui m’apparaît comme un contrepoint d’un des miens, me sens mal à l’aise, quand je n’ai par ailleurs reçu aucune réponse de sa part à un de mes messages en DM sur Twitter, l’impression d’une hostilité larvée, pas ressentie avant, pas comprise. Ne trouve pas à quoi ça correspond. Et ça vient comme s’accumuler, mais il y a aussi des mails sympas, alors ça s’équilibre.

    Ecris sur la solitude, l'existantielle, me rechante cette première chanson écrite à la guitare, je retrouve les paroles, je ne dirais plus les choses de la même façon, mais l’impression est toujours la même.

    Mets en ligne la nouvelle version d’Anchorage. Cette fois, ça tient.

    Puis pars faire ma journée d’intervention. Journée sympa, mais comme d’hab, le temps qui avale le soi, l’aridité du sujet, la rencontre de gens dont on sait qu’on ne les reverra pas, et puis don/contre-don quand-même, eux contents, mais pas de place pour la poésie dans cette vie-là.


    Vendredi

    Retravaille longuement un texte pour future publication.

    Je n’aime pas les fêtes sur commande, les fêtes commerciales. Ne suis pas à la fête. Cette chose qui m’occupe, qui m’apporte tant et me rend si triste, acclimater la douleur.

    Et toujours lecture, lecture, lecture.

    Mais je tiens Anchorage, je veux dire que je sais maintenant que même si c’est difficile, les choses viennent, se mettent en place, le montage va être progressif, composé de bribes anciennes et de textes nouveaux, accepte de vivre le chemin sans bien savoir où il mène. Cette  sensation d'être entrée dans son écriture, enfin, et ça va prendre toute l'énergie. Je ne vais sans doute pas publier beaucoup d'autres choses.


    Samedi

    Et cette nuit qui avance. Insomnie. Mais j'aime la nuit, quand, enfin, débarrassée du jour.

     



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  • Commentaires

    1
    Pirou
    Samedi 15 Février 2014 à 07:33
    Anthropia
    Toujours ce beau et très bon blog que j'aime bien venir visiter de temps en temps. Merci pour ces moments.
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