• Journal d'écriture : #

    L'Assemblée nationale

    crédit photo anthropia # org

     

     

    Mon combat avec l’ange, de la pornographie, de la nudité et des étoiles, de la traversée du corps jusqu’aux confins de l’esprit, je revendique tout cela dans ce texte : et s'il faut claudiquer pour ça, claudiquons.

    La relecture à froid permettra de reprendre, je devrai/s revoir quelques ruptures de rythme, mais pas ses mots à lui. Je tiens Chouraqui pour un des plus forts traducteurs de la bible ; nous avons pratiqué pendant de longues années la lecture de ce texte, nous étions un groupe de psys, etc., nous lisions une fois par semaine quelques lignes à peine, notre but était d’entendre la musique, de déconstruire l’appareil historico-critique, le poids mort des dogmes religieux, de rentrer dans le texte, dans sa polyphonie, en confrontant les différentes traductions avec le mot-à-mot apporté par les hébraïsants du groupe. Et ce qui nous frappait chaque fois était la chape de plomb qui recouvrait le sens, nous reparcourions nos souvenirs d’enfants catholiques, protestants, juifs, une des  forces du groupe, et nous étonnions de cet écart, comment on a perdu les deux arbres de l’Eden pour n’en garder qu’un seul, quel enjeu avait ce recouvrement par les trois monothéismes, un exemple, le plus frappant sans doute, parmi d'autres. Et presque toujours celui qui nous réconciliait, qui laissait ouvertes les portes, dans les zones sombres du texte, c'était Chouraqui, il rendait perceptible l’inaudible, indécidable le flou, préférant l’étrangeté à l’arrangé final. Ce qui ne veut pas dire que toute traduction doive être ainsi, ni que je dédaigne les autres traductions, je parle simplement de mon/notre expérience avec les lignes les plus intraduisibles de ce texte-là.

    Que l’étrangeté dérange, nul n'en doute, je suppose que la dissociation génère chez l'autre le ressenti d'un double discours (donc faux), alors qu'il est l'objet même du mal-être. Y mettre de beaux mots, vouloir amortir le choc est sans doute maladroit, j'y vois plutôt une tentative d'être entendue là, et même si je dois crier plutôt que me taire, I prefer to, se dire dans la faille, dans la distorsion, plutôt que recourir aux faux-selfs. Je n’aime pas ce mot, mais il dit bien le recours au "self-servi" qui tient lieu de sujet quand on s’est réfugié dans la crypte. Je ne veux plus donner le change à l’enfant souffrant, je veux marcher vivante et dresser la tête, alors, écrire pour moi, c’est montrer l’entrebâillé de soi, non la schize de nature différente, mais le perpétuel jeu discontinu et continu qui fait pont et schisme à la fois, le passage en voix de tête, puis le retour au grave. Ne nous y trompons, si ça chatoie, n'y voir que le miroitement des deux positions ensemble, ça fasseye, comme une voile au vent ou une cravate à la caméra, c’est le tremblé qui fait illusion. Toute la difficulté consiste à rendre cela réel, show, don't tell, tenir cette position dans l’écriture, c’est se mettre à l’exacte frontière entre l’individu et le groupe, entre l'être humain et l'animal, entre soi et les paysages, dans cet entre-deux où l'on est parfois perdu à soi-même, parfois pas. Et si l’on croit qu’on a le choix, on se trompe.

    Je pars d’Ivrit, ce sera une manifestation, le grand rendez-vous, nous marcherons, nous les frères et sœurs de, et moi et nous dedans parmi eux, le chemin sera non convenu, le back-office de la ville, et puis la surprise. Il y en a une. Parce que ce livre est le livre des surprises ou de l'émerveillement, comme on voudra.

     



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