• Sel de la vie

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    Vous trouvez encore, çà et là, un ou deux pavillons perdus, tiens celui-ci s’est offert un vitrail, retour de la chapelle, le miracle de jésus auprès de la fille d’un fidèle visité, les vitraux dans les banlieues n’y sont pas, ou alors dans les basiliques rattrapées par les migrants, ou dans petite boutique improbable des places, acheter ces coins de lumière pour faire reflet sur le sol, cet art d’attraper le soleil pour filtrer l’ingrate pauvreté, et c’est gemme quand c’est fait, c’est tentative sur la laideur, l’intérieur des maisons se bat contre l’agression, et c’est perle dans l’huître quand c’est fait, la banlieue a de ces niches qu’il faut savoir déceler, jours tranquilles à.

    Vous voudriez encore la trace du beau, et peut-être même les signes illisibles d’une trace, comme sur ce mur délabré, ruine des Trente, qui apparaît, veines bleues d’un papier peint de chambre d’enfant, déchirure, tenter de reconstituer, il y avait là un petit, des jouets ô si peu dans ces temps, on shootait d’un carton, on tapait dans une boîte de métal ou de deux, qu’un peu plus tard dans les années on reliait entre elles d’une corde plastique, et quand on se parlait avec P., ça faisait téléphone, je te reçois, tu me reçois, et puis on chantait, ma Sarimarai, une ballade du Transvaal, bien loin de mon cœur, voix virginales, y a des familles comme ça, qui chantent à quatre voix, sans même l’avoir appris, c’est dans les gènes, on devine où le son de l’autre va aller et on le suit de quelques pas, on flirte parfois à revenir à la même note, puis on repart tranche de trois, tranche de cinq, tranche de deux le plus souvent, ça se poursuit, une harmonie, y a des familles comme ça, ça chante partout, en voiture, chez les amis, une famille chantante, si gaie, ne creusons pas, derrière le la, y a bémol, vite vite rétablissons, risque.

    Mais l’Amant vous tire le bras. Alors vous chantez Révolution, Jean Jaurès, liste des noms des rues, une enfilade qui avale les pas, ailleurs un repique vient ajouter aux sifflets le son métal de ses rebords, la main à cet endroit de percussion, c’est encore loin mais ça résonne.

     

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  • Bert Loeschner

    La vitrine

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    Que dire de l’élargissement de la rue, quand commence à disparaître l’étroit tressage de bâti, le chauffons-nous ensemble des pavillons de l’espoir, celui d’un chez soi proche de chez-les-autres, chacun contre mais pas  trop, en catimini façon de ne pas se faire griller la priorité, le commerce s’agrandit, toujours là qu’elles vont les petites surfaces quand elles rallongent les allées de pâtes et de riz, et puis au-delà du parking l’alibi premier de cette sortie de faubourg, un sapin décati dont personne n’a pris soin, et quelques barrières qui peinent à barrer, des talus, à peine un buddleia, plus rien ne tient tout à coup, trottoirs défoncés, perte des bordures, toujours aller voir l’urbain en ses confins, l’abandon, la jachère, au-delà du terrain vague quelques voies de chemin de fer, ceci explique cela, et ici dans la rue J. ce n’est qu’un relâcher provisoire.

    Car à cet endroit précis, il renoircit, le bitume, il prend même cette épaisseur des couches qu’on accumule, on arrive aux cités, donnons-leur du goudron et quelques trottoirs bordés de blanc, le contraste qui annonce une rénovation, on retapisse les murs, on refait les façades, ravalement, on étaie les balcons, les femmes se penchent à nouveau sur les balustrades, et pour quelques saisons, les cages seront vertes, les escaliers brillants, l’adjoint au maire viendra même leur offrir quelques jardinières de béton qu’elles pourront fleurir, les cités sont pimpantes, couleur d’ocre brun, clin d’œil à plus loin, au passé, la couleur sans la cuisson des briques, mais un fil rouge qui dit le « nous » des ouvriers, la fierté qui tient lieu d’usine et de travail.

    Flash-back, le chemin sitôt franchi le portique juste derrière la maison, qui longeait le grand champ, celui où les enfants se retrouvaient dès le printemps, où nous inventions nos olympiades, courses de sacs, tirs au but, ce temps où les garçons et les filles jouaient au football, et puis parfois dans ces surfaces abstraites d’herbes encore jeunes, la peur des couleuvres, la croyance première que c’étaient des vipères, parce qu’on en avait tellement avalé de ces serpentes paroles, de ces secrets qu’on vous force à manger cachés à l’intérieur des croûtes, par surcroît en douce, l’étouffe-chagrin des familles, et puis arrivée à l’orée, le choix, celui de monter très à pic vers le fort, ou celui naturel, le plus quotidien, celui de l’école. C’était avant qu’on change de chemin, sans bouger, changer d’adresse sans changer de maison, un autre accès sur l'autre rue.

    Et ça continue, vous marchez, une manufacture fait signal, du dix-neuvième rénové, mais là n’y travaillent plus que les artistes, sauf que ceux que vous croisez qui terminent leur nuit de si bonne heure sont les traceurs d’arc-en-ciel, sur un grand mur puis en suivant leurs marques tout au long du sentier vous déchiffrez, zada, ils doivent gagner chaque jour leur support-surface, woo, créer est à risque pour eux, dalu, toujours un pour faire le guet, muloji, la transgression faite art, Lung, quand vous passez quelques-uns sont à bomber, Pittarak, on dit comme ça, Feng, tu portes une bombe tu bombes, et de vous voir si déterminé groupe de trois, sata, ils laissent les graphes à leur cimaise, si si la famille, et vous rejoignent, Ivry-Port même pas mort. A ce point nous sommes sept, nous en vous, vous y allez ensemble, toujours plus bas, le pied fait à présent un angle obtus avec la jambe, là sont quelques programmes, trente pour cent aux logements des pauvres, sur cent-onze ça fait vingt-six du T2 au T6, et celui-là réservé aux étudiants, on a vu grand, pour soixante-six lofts à enfants de riches, on en logera vingt-huit, aménager l’espace, lutte contre l’extinction des quartiers, mais où passent ceux qui ne peuvent payer, le refoulement des villes, quand l’éponge recrache toujours plus loin.

    Vous voyez encore une place à sens giratoire, avec terre-plein central, comme dans ces arrière-saisons des bourgs de France et de Navarre, des rondes à six voies, des dômes à double cloche, j’en compte douze près de P, la danse des voitures, un peu plus loin une université flambant neuve, puis renoncement, ici commence la jungle inextricable, le back-office de la ville, les tentacules jetées sur le fleuve, annonces de la confluence.

     

     

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  • Bert Loeschner

    La vitrine

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    Jeudi

    Rien d'autre à dire.

     

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  •  

     

     

    Je constate que depuis plusieurs années,

    des sites détournent mes liens

    vers leurs propres sites

    pour leur apporter du flux.

    Je leur signale que je saisis Google ce jour,

    ou plus exactement suis la procédure de réclamation,

    à savoir m'adresser d'abord aux webmasters 

    en l'absence d'adresse correcte,

    et de réaction correcte à ma requête,

    je me réserve la possibilité d'aller plus loin

    et d'informer Google

    de ce trafic illégal.

    A bon entendeur salut.

     


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  • Sous le pont

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    Le pied quand tu avances, tu poses d’abord le bout ou le talon, viser la plante en son centre, cet art de sentir l’angle juste, qui ne creusera pas tes reins, quand poser ta chaussure, la tentative ratée parfois si le sol est cassé, -et dans ces territoires, il l’est souvent-, le risque de ne pas y arriver, mais que la jambe amortira parce qu’il faut bien reposer le pied à cet endroit qui te mènera au mètre suivant, ainsi vous avancez, tout synchroniser, l’Amant vous a pris le coude, dans un même rythme le pas de l’autre, les bras, même les murmures qu’il faut entendre sans s’écarter de soi, dans cet échange le débit d’énergie est à régler, la difficulté, deux tempos d’autant que valse à trois, car le temps de la marche, entre deux enjambées, doit ouvrir le regard, aux quatre points cardinaux tour à tour, mais vous êtes encore à saison de myope, c’est ainsi les premiers temps, comme ceux de l’enfance, le sol sollicite d’abord, et votre tête doit se soucier de mettre un pied devant l’autre, elle vient vérifier comment ça se conjugue ce rendez-vous entre flair et répétition, comme une recette qu’on invente, jamais sûre mais à l’intuition, se méfier sur le trottoir des chicots de gomme, quant à l’énervement du fumeur apostat ex aequo avec le fumeur d’extérieur, qui jette ses moignons de cigarettes, il en va ainsi des religions des villes, qu’on renonce ou pas à fumer l’habitude doit changer, la loi dicte la conduite, scories de chewing-gum ou de cigarettes, qui sait qu’aujourd’hui le Balayeur, celui-là ou un autre, paie pour les diktats, lui seul se charge à moto ou plus souvent à pied - dans ces contrées c’est à pied qu’ils exercent - de ces demi-renoncements ou ces exils à ras d’immeubles, le balayage des villes explose, la sueur du manœuvre aussi, mais le citoyen paie à son tour, alors marcher la ville accepte d’emblée qu’il y aura la saleté, détritus en tous genres, sacs plastiques, tickets de métro usagés, fonds de poches d’urbains répandus en nuisance ou par distraction au sortir d’un mouchoir.

    A cet instant, vous ne sentez rien, parce que l’urbain sait se fermer aux odeurs, dans les Monts jaunes, il vous faut plusieurs heures pour réapprendre le parfum des herbes, de la terre en rosée, ce fumet que prend l’air aux premières chaleurs d’un astre qui réveille, vous sortez de la maison, passant le rideau de mille perles de bois, pas de porte à l’orée de la balade, ici aussi vos pieds hésitent, vieux bitume, gravier venu d’on ne sait où, et la rue tout en pente qui fait illusion jusqu’au premier serpent, ensuite chemin carrossable, mais de carrosse point, et tout cela en montant, la montée de campagne est une promesse d’horizon, alentour des champs de maïs, l’été déjà, camaïeu de paille, juste quelques fougères en abris sous les châtaigniers, de celles que les femmes viennent cueillir pour poser sur les planchers infestés, une sémiologie de plantes où vous êtes analphabète, mais pas elles qui vous dictent parfois la leçon à plein ciel, monter, vous sentez votre colonne s’incurver, vous êtes papier crayon à vouloir tout noter, votre respiration s’est déployée dans l’attente joyeuse d’un ciel qui comble, ça grimpe, une volonté soudain qu’il faut muscler, j’y arriverai, encore cet autre lacet, et puis au bout un suivant, l’œil capte un lézard qui s’échappe, trois brins de blé comme trois jeunes marmots semblent attendre, les talus qui cèlent le contrebas, et la pensée fugace que le Patineur a rejoint les lacs glacés éternels et qu’il vous appartient de faire le positif dans cette ascension qu’est la vie. La promesse de sommet n’en est pas une, parvenue à ce chemin qui contemple de part et d’autre les flancs d’une colline, vous savez que l’écriture n’a plus à présent le prétexte de ces réalités ravageuses, les dépendants de vous se sont émancipés, ils ne nécessitent plus les gestes premiers, et dans les zébrures qui font chemin entre les hautes tiges à bulbes, vous lisez les lignes d’un récit qui se trouve peu à peu.

     

     

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