• Valentin Carron

    Croix Noir

    Palais de Tokyo

    Crédit photo Anthropia

     

    J'avais entendu certains de ses enregistrements

    des nuits magnétiques sur France Culture,

    je l'avais lue dans Libé,

    mais ce n'est pas à ce moment-là qu'elle est entrée dans mes liens.

    Cela a commencé, vanité des vanités,

    quand elle a mis en lien ce blog dans son consottisier.

    Je suis alors devenue une fidèle lectrice, j'avoue,

    d'abord flattée parce qu'elle avait aimé mes écrits.

    Puis je me suis mise à aimer les siens,

    son recul devant la pub, les marketteurs et leurs produits insensés.

    Puis je l'ai suivie dans K., l'aventure impossible,

    celle qui mène à la dernière impasse.

    Comme scotchée j'étais, à son journal de bord d'une cancéreuse,

    qui ne se résumait justement pas à ça,

    elle trouvait le moyen de dire ce qui n'allait pas à l'hôpital,

    et en même temps de ne pas alourdir par des critiques mesquines

    le tsunami (manque de personnel, réforme délirante)

    qui ravage le secteur.

    Elle trouvait le ton juste,

    l'humour, ah l'humour de MDA,

    jamais complètement prise au piège de sa maladie.

    K1, c'était un sommet de l'Everest à escalader.

    Avec quelle opiniâtreté, elle en a franchi les campements,

    les palliers intermédiaires, les failles et les à-pics,

    un jeu à qui-perd gagne,

    dans son cas, elle a gagné la dignité éternelle.

     

    Alors, à ce moment où elle nous quitte,

    j'aimerais dire qu'elle a été un exemple pour ma vie,

    une femme debout, qui fait face jusqu'à la lumière blanche.

     

    So long, Marie-Dominique, so long.

     

     

     

     


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  • Mrzyk et Moriceau

    Mars

    Galerie Air de Paris

     

    A voir ce soir sans faute Le Rapport Karski de Lanzmann

    sur Arte à 22H05.

    Sur France 2, le Jeu de la Mort juste avant.

    L'embarras du choix.


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  • François Curlet

    Boulevard

    2005

     

     

    Fred Vargas.

    Critique de l'anxiété pure

    Librio

    3 € (pas beau, mais pas cher)

     

     

     

    Il y a du Thomas Bernhard dans Fred Vargas.

    Oui, j'ose, elle se lâche, elle entre dans un monologue de ouf,

    dans un souffle long, qui vous le coupe parfois ;

    vous donne au passage quelques leçons d'écriture,

    à l'Antartique, en buvant un café au café,

    quand vous tombez sur le premier venu venu.

     

    Tout l'indique : elle lutte ardemment contre l'anxiété pure qui la guette.

    Le projet, sans doute une semaine de travail,

    pour se débarrasser de ses tracas, de ses obsessions d'amour,

    et par la même occasion des nôtres.

     

    Je m'identifie, pensez-vous.

    Et bien, oui, par certains côtés,

    parce que cette femme depuis longtemps est une mienne amie,

    parce qu'on sent que chez elle la sororité, ça marche fort,

    la "mienne jumelle", comme elle dit, c'est aussi nous.

    Et puis, elle est bien zinzin, quoi,

    elle a des chevaux mal dressés,

    qui s'emballent trop souvent,

    elle est de cette famille des grands nerveux,

    chère à Proust et à Yves Saint-Laurent.

    N'ai-je pas compris que j'avais eu des acouphènes,

    le jour où un certain tueur en série a guéri ceux d'Adamsberg ?

    Une frangine, je vous dis.

     

    Alors sa critique de l'anxiété pure fonctionne.

    J'avoue que j'ai sauté quelques pages,

    mais je n'ai pas abandonné,

    j'ai suivi jusqu'au bout.

    Le L.A. et le F.I. sont notre escabeau,

    ou plutôt les joints en acier qui relient les deux pans.

    L.A. comme libre-arbitre, F.I. comme for intérieur.

    Ne jamais s'en séparer, bagage obligatoire,

    en cas d'amour, de guerre ou de tracas.

    Je vous laisse aller assez loin

    pour comprendre la recette miracle des Emèlborps.

    Même si je vous l'avoue, j'aimerais bien que vous retrouviez,

    sans doute à une des pages que j'ai loupées,

    ce que sont ces fameux PFM, au nombre de 250,

    qui posent des Problèmes "pas convertibles en Emèlborps",

    j'y suis retourné pourtant mais sans trouver la solution.

     

    Un livre bizarre, entre autobiographie et essai de philosophie zen.

    Autoanalyse, dit l'éditeur, mais elle ne va pas très profond,

    il y a de ces zones interdites, la mère, la famille,

    on sent qu'il s'y passe un paquet de reproches et de tracas,

    dont il faut bien vite se débarasser.

     

    Il y a le "mien père", qui apprend le sens de l'inutile.

    Pourquoi le latin ? Parce que ça ne sert à rien.

    Oh, la jolie phrase, qui enseigne à ne pas voir que le travail.

    Une phrase d'artiste, une phrase de dilettante, une phrase d'épicurien.

     

    Mais alors, pourquoi l'autruche ? me direz-vous.

    Parce que comme elle, elle a envie de se fourrer la tête dans le sable,

    mais comme nous, elle s'efforce de courir plus vite que l'angoisse.

    Elle tient ce fil, qu'il ne faut pas perdre et va jusqu'au bout.

    Et puis, et puis...

    Jetez-y un coup d'oeil, vous verrez, c'est jouïssif.

     

     

     

     

     

     

     


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  •  

     

    1959. Une photo d'un autre âge,

    du temps où le numérique n'existait pas.

    Mais où les présidents étaient grands...,

     

    même si beaucoup serait à dire sur sa politique,

     

    et proches.

     

     

     


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  • Marina Abramovic

    The family 5

    2005

    Crédit photo Mike koedinger

     

     

    Journée en berne hier, Journée triste.

    Elle a montré le point zéro du statut des femmes.

     

    Cela avait bien commencé, pourtant.

    Coco, la speakrine de France Culture,

    avait paraît-il envoyé un mail à toutes les émissions,

    pour leur rappeler que ce n'était pas la journée de la femme,

    mais la Journée des Droits des Femmes.

     

    Cela n'a pas empêché la suite d'être désastreuse.

    Invitation de Cixous pour parler des femmes,

    comme si on ne devait l'inviter qu'à cette occasion,

    le coup de l'alibi, à elle, une de nos plus grands écrivains français,

    j'en avais honte pour Voinchet.

     

    Je vous passe la journée à entendre parler

    de la Sainte-Femme comme on dit la Saint-Valentin,

    de la Fête des Morts Femmes,

    on vous offre des roses, façon Fête des mères,

    ou des machines à pain, façon ménagère.

    Le message oscille entre discrimination des salaires,

    robes sexy et sex toys,

    temps partiel subi et libération sexuelle.

    Violence faite aux femmes versus fellation et sodomie.

     

    En fin d'après-midi, on eût droit à la caricature.

    Sur Canal, Ariane Massenet, très en forme et n'ayant rien à envier à Denisot,

    promit plus qu'elle ne tint : des invitées superbes, toniques,

    un bon début, les nanties parlent aux françaises,

    pour parler des plus pauvres, des sans-la, tu r'passeras.

    C'était caricature, le pompom arrivant avec l'inévitable Chippendale,

    introduit par Miss Météo, il en faut bien des jaunes dans le système.

    Sortie du gâteau, toutes les filles se croyant obligées d'hurler,

    ne pas crier, c'est ringard,

    ne pas s'hystériser, serait ignorer l'appel mâle :

    comment fait-on pour persuader les femmes

    d'accepter avec ravissement,

    ce statut dégradé d'elles-mêmes.

    C'est simple, une femme libérée

    porte nuisette, se fait visionner à poil sur internet,

    a des petits copains très riches qui paient pour leurs fringues.

    Sexe, bling-bling and beauté,

    nouvelle trilogie de la journée des femmes.

     

    Et quand on ne veut pas, quand on dit non, on nous cogne.

     

    J'ai zappé, pour retrouver en fin de soirée, le très décevant Frédéric Taddéi

    et la mufflerie de son plateau, rien à foutre des femmes,

    rien à foutre des chiennes de garde, rien à foutre de cette Journée,

    "nous les fêtes, on les fête pas" annonnait l'animateur.

    Bref, déjà qu'on n'est pas aidé le reste de l'année,

    comme le disait ce matin Guillon, les autres jours, c'est la fête aux hommes,

    même ce jour-là est décidément de trop pour des tas d'hommes.

    Les violents, parce qu'ils veulent pouvoir continuer à cogner leurs gonzesses.

    Les non-violents, parce que vaguement honteux d'être un de la communauté,

    vous savez, celle qui a pignon sur rue, la minorité qui truste tous les postes,

    qui surfe sur les avantages acquis qu'elle ne veut pas remettre en question.

    Pourquoi je défendrais les femmes, hein, pour perdre mon pouvoir ?

     

    Vague rougeur sur leurs joues, cou rentré, poings dans les poches,

    circulez, ils ne veulent rien voir.

    On comprend mieux qu'une femme meure tous les deux jours

    et demi du bras d'un proche, entre les violents et les couards,

    y a pas de place à vivre.

     

     

     

     


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