• Aqua

    Crédit photo # Anthropia

     

     

     

     

     

     

     

    Il aura fallu un monde,

    il lui aura fallu des lustres,

    mille expériences, des postures,

    beaucoup de doutes,

    des choix aussi,

    des erreurs multiples,

    un entêtement dans l’impasse,

    un lent travail de pistage,

    déshabiller les vignobles allemands,

    ranger dans la litanie bleue les fantômes cachés,

    calmer l’irruption de l’un,

    caresser la froideur de l’autre,

     

    et là, joie,

    quand tu tiens le filin

    d’une sortie en liberté,

    rendez-vous à juin ta vie,

    sait pas où, sait comment,

    elle a osé,

    l’évidence que c’est la seule voie.

     

     

     

     

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    depuis le 24 mars 2013

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  • Iris des villes

    Crédit photo # anthropia

     

     

     

     

    Vendredi

    Tu marches le long de la rue du théâtre, tu marches pour retrouver le sens, parce que ces derniers jours, seule la marche et quelques ascenseurs te donnent la sérénité, la verticalité du fil à plomb dans cette absolue cacophonie des voies sur berge. Si souvent tu as cru, si souvent tu te perds, tu fais et tu défais, tu tentes et puis tu lâches, et puis tu réessaies, c’est ça le temps qui passe, qui te vole tes minutes, alors qu’il y a hâte.

    Ah et j’oubliais, #Proust aussi, envers et contre tout, repose ses questions, les minutes, le lent chapelet des lectures inspirées, comme la prière d’une incroyante, qui persiste, même si très sourde ces derniers temps. La deux-centième fois que tu lis #Proust, il n’y va plus de l’apprivoisement, mais d’un besoin aigu comme d’abreuver tes lèvres à la source, celle par laquelle tout est arrivé, et sans le regretter tu recopies encore et encore, tu imprimes en toi et toujours l’indélébile trace de ce qui fût, est au présent, dans cette once de « ne pas comprendre » qui comprend trop bien qu’elle est pareille et qu’elle t’appartient, à toi oui, promis je ne lirai pas la page d’après, juste celle qui précède un peu et la présente là, celle qui vient :

    « Le beau temps, cette nuit-là, fit un bond en avant, comme un thermomètre monte à la chaleur. Quand je m’éveillai, de mon lit par ces matins tôt levés du printemps, j’entendais les tramways cheminer, à travers les parfums, dans l’air auquel la chaleur se mélangeait de plus en plus jusqu’à ce qu’il arrivât à la solidification et à la densité du midi. Plus frais au contraire dans ma chambre, quand l’air onctueux avait achevé d’y vernir et d’y isoler l’odeur du lavabo, l’odeur de l’armoire, l’odeur du canapé, rien qu’à la netteté avec laquelle, verticales et debout, elles se tenaient en tranches juxtaposées et distinctes, dans un clair-obscur nacré qui ajoutait un glacé plus doux au reflet des rideaux et des fauteuils de satin bleu, je me voyais, non par un simple caprice de mon imagination, mais parce que c’était effectivement possible, suivant dans quelque quartier neuf de la banlieue, pareil à celui où à Balbec habitait Bloch, les rues aveuglées de soleil, et voyant non les fades boucheries et la blanche pierre de taille, mais la salle à manger de campagne où je pourrais arriver tout à l’heure, et les odeurs que j’y trouverais en arrivant, l’odeur du compotier de cerises et d’abricots, du cidre, du fromage de gruyère, tenues en suspens dans la lumineuse congélation de l’ombre qu’elles veinent délicatement comme l’intérieur d’une agate, tandis que les porte-couteaux en verre prismatique y irisent des arcs-en-ciel ou piquent ça et là sur la toile cirée des ocellures de paon. »

     

    Je cherche dans le Littré et trouve :

    OCELLURE. (o-sè-lu-r') s. f.          

    Terme d'histoire naturelle. Disposition en ocelles.
    Rev. Britan. mars 1877, p. 231: Le décor d'une galerie de la maison appartenant à M. Leyland, où se trouvent retracées dans tous les sens et dans mille combinaisons diverses les couleurs et les  ocellures de la plume de paon

     

    Le lire ce mot, dans toutes ses évidences qui t’éclatent au visage, celles de la nappe qu’on aurait voulu de velours cramoisi et ton visage au plus près qui s’écrase, et puis cet os, l’os qui oscille, trop plein de sèmes le mot, et la cellule, la fêlure comme fondues en un seul, il y a si longtemps déjà quand on vivait le rose, les collines respirantes, et l’art qui scelle et qui ne cèle rien, qui décèle, qui harcèle, le lieu de recel d’un « nous » au fond de la niche, de la cache, blêmit à l’horizon des palmes, mais demeure malgré les vanités dans l’émail de terre cuite et la pierre de lumière, un vocatif aussi, mais qui osera le.

    Printemps ultra-marin, jet d’Ajej par-dessus les tapis violents, compréhension en cette zénithale promenade, de l’infra, du vulgaire, du piège et du « seul compte ».

    Et vint l’automobile, l’odeur de pétrole, la trompe, « comme un vent qui s’enfle », ces mots d’une lettre qui n’en finit plus de s’écrire, et de débris qui ne sont plus que la seule façon de dire, le reste appartiendra à la littérature peut-être, au lent travail de l’écriture sans doute, dans l’espace d’un jet de dés, sur quelle face de la terre tomberont-ils, le six j’aimerais y croire.



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  • Golf

    crédit photo anthropia # org


     

    Curieux, après cette relecture,

    qui me fait voir l'étendue de la tâche,

    tout ce qu'il faut resserrer,

    supprimer sans doute le chapter # 2

    enfin ça reste à voir,

    mettre tout de suite le # 3 ou pas,

    je suis quand-même joyeuse.

     

    Réfléchir maintenant

    à comment le biographique,

    qui n'a plus d'urgence à se dire,

    en tout cas pas la même,

    ou plutôt qui est le prétexte d'ici,

    comment garder le cap dans ce qu'il convient

    de décrire comme une ligne mélodique,

    les paysages, la route, le chemin

    distillant des fragments de récits sur l'enfance

    et puis l'histoire, l'homme.

     

    Curieux, je suis joyeuse,

    ce récit qui n'était que verticalité,

    de hâchures zigzaguant vers le haut,

    vers le passé, mains tendues,

    un code-barre de l'enfance,

    est devenu une ligne horizontale, enfin plusieurs,

    qui va aller son récit.

    Passer du diachronique au synchronique,

    ça n'a pas l'air comme ça, mais

    transformation de moi, profonde,

    la construction du roman enfin possible,

    comment les courts chapitres se couchent

    pour s'insinuer dans l'horizon des jours.

     

    Curieux, je suis confiante,

    je ne renonce pas au premier chapitre,

    et peut-être même pas au second,

    faut qu'ça grince,

    au chapitre 3 que j'écris,

    ça doit reprendre en charge

    le récit de l'enfance,

    rajouter,

     

    et j'espère.

     

    Et pour le style, oui, les virugles,

    les fautes d'orthographes, les arrêts parfois brutaux,

    les répétitions, la syntaxe,

    mais toujours se centrer sur le rythme,

    entendre la voix, rallonger certains passages,

    et ne plus fermer les yeux, c'est là-bas que je vais.

    Je veux ce livre sonore jusqu'à la fin.

     

     

     

     


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  • Thomas Hirschhorn

    How to dance Spinoza ?

    FIAC 2008

    Crédit photo anthropia # blog

     

     

    Le quadrilatère creuse un boyau haut de vingt mètres d’un côté et sans doute de six de l’autre, asymétrie directe d'avance ressentie, la rue, s’affiche courte en sa prémisse d’étendue, annoncez l’intention, là où vous allez, car sinon le sillon n’est qu’un petit sillon, sans grande importance, on en voit le bout vers l’épicerie, où s'est installée une tirelire verte qui permet de donner son obole à la nouvelle mosquée, à l’autre extrémité une avenue vient la barrer, elle est contenue dans cette espace au carré, comme on fait son lit, ou plutôt un rectangle, bien délimité, c’est par grand-rue que le soleil arrive, dans son axe, vous voyez peut-être à cinquante mètres un jardin, preuve par l’arbre, scandé d’une clôture, et dans l’au-delà du regard levé une cité de brique, architecture d’usine à humains, le tout début d’un siècle, l’ouvrier logé près du travail, mais revenons à la rue, elle fait ancrage, passé le portail de métal blanc, aux discrètes traces de rouille, qui seront tôt ou tard creusées, recouvertes d’orange, consolidées d’un enduit et après ponçage, cachées par une peinture qui nivellera le tout, vous êtes dans Espace clos sauf lignes de fuite déjà expliquées, l’idée même d’âme, close et ouverte à la fois, Spinoza.

    Mettez-vous dans le sens d’un courant, soit d’un côté soit de l’autre peu importe, vous pourriez aller par le chemin des crêtes faire le tour de la ville côté jardin, côté secret que les voitures ignorent, mais vous vous retournez, aujourd’hui sera chemin de confluence, vous allez y marcher ensemble, c’est un pari, à la lueur du jour, vous n’êtes plus qu’humains de chair et d’os, vous savez qu’à marcher quelque chose d’une transformation s’accomplit, en contempler les effets sur soi et sur l’autre, comment ça affecte, là, la lenteur, le mouvement, la vitesse, le repos, ce temps de la marche qui s’organise par le jeu intérieur et la valse à deux, comment l’espace constitue dans l’acte de marcher l’idée de l’âme comme un corps, voyez et appréciez, à droite, des cubes de béton, du violet et du gris, une large frange les borde qui met l’immeuble en respect, les zones de respect dans les villes, protection, pas d’arrosage du piéton, et pour le signifier des pneus noirs dans lesquels on fait pousser des fleurs, pensées des villes, elles vous pensent, à gauche l’atelier de confection gourmande, le Nourrisseur, le traiteur sur mesure, le traiteur scénographe, initiateur du métissage, c’est écrit sur les panneaux, une tour de contrôle à trois baies, juchée sur un pilotis blanc, une bouche dégueule les camions pour le ventre, juste à côté sans doute est-ce le laboratoire des expérimentations mélangées, une maison, toit deux pentes, dans le triangle du toit, une lucarne, celle d’un contremaître, le tout fait maisonnette, la façade blanche aussi, d’où l’impression d’ensemble avec le Nourrisseur, avec ses trois fenêtres étroites qui donnent sur le trottoir, et sur le toit par surcroît deux hautes cheminées, deux tranches de cheminées très minces, comme une économie ou une contrainte d’urbanisme, ne pas menacer le voisinage, elles se succèdent avec intervalle et sur leur crête quatre pistons à fumée, ça fera quatre fois deux huit pour cracher les odeurs, pour marquer le territoire des saveurs sur l’âme, il y aura bien aussi quelques âmes d’ailleurs à fréquenter le lieu, elles vous ont touchée, on peut dire affectée, donc elle n'hésiteront pas à se manifester, au présent sont le trottoir parqués d’épais camions court sur pattes, des Shar Peï, gueules carrées presque plates, les rectangles de pare-brise rappelant la structure de la tour de vigie, comme si toujours présente quand ça se déplace, suivre le conducteur, géo-localisation au GPS, ça se passe, dans sa tournée de livraison, les saveurs, mais le chauffeur reste sous l’œil, de l’autre côté l’immeuble fait masse, mais avec alvéoles, ces vides effilés censés donner la lumière mais qui la confisquent sitôt qu’elle arrive et pourquoi pas puisque là commence le royaume de la nuit, habile transition voulue par l'architecte.

    Le rythme est donné, tu entends les caixas, elles mettent en tension, elles attirent, c’est le but là-bas la musique la chaleur et la danse, mais ici c’est tango entre l’immuable du béton, sa lenteur, la largeur de la bordure, il faut la traverser, et même ces plantations un peu plus loin dans leurs starting-blocks, qui font illusion d'une verdure, d'un début de paysage, et en face, la ruche, la vitesse, les saveurs, le métissage, la hiérarchie et les tournées, je rentre, je sors, matin et soir, le panneau rouge et bleu qui clignote par tous temps, et retour à la nuit, pour la citadelle qui protège du jour, on y entre par l'arrière, ou est-ce l'avant pour eux ?, la nuit accueillante, le lit, le lieu du repos, l’insatiable bras qui absorbe au moment du coucher, l’instant d’y retourner, voilà planté le décor, partir de soi, de l’autre, de ce double mouvement, rire et dormir, du producteur au consommateur, rébellion des travailleurs, soupirs de froissements de drap, travail et gémir, le va-et-vient des corps, le va-et-vient de vivre.

     

     

     


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