• 78 boulevard Vincent Auriol

    Crédit photo Anthropia

     

     

    150 années de prison pour Madoff,

    le seul exemple qu'on aura jamais du capitaliste condamné.

    Proposition d'autonomie par Sarkozy aux Dom-Com,

    qui ne la demandent pas,

    Suspicion et hop en prison pour les bandes,

    pas les potes, précise Estrosi,

    les potes de banlieue, y en a pas.

    Des ministres, va à la chasse, perds ta place.

    Un grand emprunt pour avoir du cash.

    Un bouclier fiscal qu'on ne touche pas.

    Morano qui veut faire suer la mère,

    en lui piquant ses points retraite par enfant porté.

    Un Congrès de Versailles pour avoir la photo,

    Sarkozy en cramoisi velours.

    Un scandale dans les tiroirs d'état,

    des victimes enfants de victimes

    réclament la vérité sur l'affaire Karachi.

    La bande de potes, c'est au gouvernement,

    de plus en plus resserrée, le pouvoir va masqué.

    Et pendant ce temps-là,

    depuis le 31 mars de je ne sais quelle année,

    au 78 boulevard Vincent Auriol,

    on lutte, j'ai pas bien compris,

    pour le service public, contre une maman Petrelle,

    pour son logement, pour l'emploi,

    on ira jusqu'au bout,

    je ne sais pas bien de quoi,

    mais ça ira, ça ira.

     

     

     

     

     


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  • Louis Napoléon Bonaparte

     

     

    Sur fond de velours cramoisi,

    dans la grande salle du Congrès,

    le consul annonça le changement dans un contexte si vieillot,

    que personne n'y crût.

     

    Au fur et à mesure(s), on comprit qu'il n'aurait de cesse d'obtenir 

    la suppression de la fraternité,

    l'abolition de l'Etat, dans sa vocation protectrice,

    la reddition de la sécurité sociale, 

    l'exécution d'internet,

    notre silence enfin, entière notre soumission.

     

    Nous, citoyens, avions compris que

    la crise du libéralisme débouchait sur l'exécution du républicanisme,

    aux grands maux, les mauvais remèdes.

    Nous savions qu'il faudrait désormais

    lutter,

    voter,

    vaincre,

    revenir à l'essentiel,

    ce qui nous constitue comme Français,

    en peuple solidaire,

    et tous ensemble triompher de cet apostat.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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  • Fayçal Baghriche

    Globe Terrestre, 2009

    Crédit Photo Anthropia



     

     

    Elle s'appelle Vanessa. Elle est d'origine vietnamienne.

    Elle a été adoptée, elle vit en France.

    Pour ses quatorze ans, ses parents ont décidé

    de lui offrir un voyage sur SON continent.

    Je veux dire qu'au lieu d'aller au Vietnam,

    ils iront en Thailande, comme si c'était pareil.

    Pas un pélerinage, ils sont à l'hôtel, en vacances ;

    comme une petite madeleine d'Asie,

    que ses parents lui offrent,

    elle qui n'est plus jamais revenue,

    depuis ses trois ans.

     

    Plus jamais revenue sur quoi ? sur sa base ?

    Quelle est la nature du lien entre une exilée et son continent ?  

    Viennent-ils pour la réinitialiser ? Je n'y comprends rien, à cette idée-là ; 

    faire goûter de l'Asie, à une Asiatique,

    cela m'a un goût de faute de goût, d'idée pas juste,

    doit-on lui rappeler que des peuples ont les yeux bridés ?

    Je n'y comprends rien à cette idée-là.

    Mais c'est comme pour le choix du prénom d'arrivée, Vanessa,

    pourquoi pas son premier prénom,

    quitte à faire dans l'exotisme.

     

    Enfin trêve de digressions.

    Vanessa en décembre avec ses parents à l'Hôtel de la Pagode,

    au bord de la mer.

     

    Manque de chance. On est en 2004, le jour de la grande vague :

    elle arrive, elle submerge tout.

    Le tsunami a englouti l'hôtel,

    l'hôtel s'est effondré sur les chambres,

    les chambres ont écrasé Vanessa et ses parents.

     

    Et tout ce qui reste,

    quand les gens en parlent,

    ce qu'ils retiennent, quand ils racontent l'histoire :

    ils voulaient lui faire voir sa terre.

    Comme un argument qui reproche.

     

    Comme s'ils étaient morts pour lui faire plaisir.

    Les récits de mort expliquent mal, toujours.

    Y avait comme une faute de goût,

    n'étaient pas à la bonne place au bon moment,

    à mon tour je tente d'expliquer, mais y a rien à comprendre.

     

    Qu'ils reposent en paix,

    sur sa presque-terre, leur terre pour toujours.

     

     

     

     

      

     

     

     


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  • Philippe Mayaux

    Les agitateurs

    Le réel est tabou

    Grand Palais - La force de l'art (derniers jours)

    Crédit photo Anthropia



    L'homme s'assied au bord du lit en lui tournant le dos,

    matin tôt, il reste quelques secondes immobile,

    est pris d'une violente quinte de toux,

    ce qu'il ne voit pas, c'est le regard soupçonneux de sa compagne d'une nuit.

    Cette toux, c'est un grand voyageur, il me l'a dit hier soir,

    alors sa toux, il rentre peut-être du Mexique, il a attrapé le H1N1 ? 

    Mais non, rassure-toi,  je ne rentre pas du Mexique,

    c'est la toux du matin, la toux du fumeur.

    Va-t-on devoir excuser sa toux,

    chaque fois qu'un quidam nous regarde d'un air inquiet ?

    Toute cette réalité,

    ça fait des noeuds dans la tête.

     

     

     

     


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  • Same Old, Same Old

    Christine Laquet

    Crédit Photo Anthropia






    Haut les mains, Peau d'lapins ! Qui n'a joué à ce jeu étant enfant.

    Aujourd'hui, une corrida médiatique nous ferait plutôt lancer :

    Olé, Peau d'auto !

    Le matador s'appelle Pubeur, il lance chez Toyota

    la collection de peaux de voitures,

    toute la gamme repérée dans un déshabillage à la muletta,

    l'auto vraie de vraie en dur, croix de bois, croix de fer, je l'ai vue s'ouvrir,

    même un chien s'y est précipité,

    et bien l'auto se transforme tout à coup en couverture d'auto,

    qu'on retire avec quelques effets de manche de torrero.

    Le taureau, c'est nous, qui découvrons que la pub c'est qu'du trompe-l'oeil,

    que sous l'urban, y a la break, sous la break, y a la smart,

    sous la smart, y a la 4x4, peu importe la taille,

    en une auto, on a la gamme complète, comme si chacune les contenait toutes,

    un concept nouveau, non corporate, j'achète Toyota, mais nouveau riche,

    j'en ai cinq pour le prix d'une,

    enfin, c'est plutôt le fabriquant qui a cinq pubs pour le prix d'une,

    message reçu, en temps de crise, il faut faire des économies.

     

    il y a de l'effet matière bien sûr, comme Dali en a fait avec ses montres molles,

    mais je ne sais pas ce que cela fait d'acheter un objet viril de chez viril,

    qui devient mou et flasque en un tour de main,

    qu'on perd même au profit d'un autre plus petit,

    ou plus grand, mais pas ce qu'on avait demandé,

    on entre dans l'ère de la décustomization, la virtualité des options,

    les avoir toutes potentiellement.

    Bien sûr ce faisant on découvre la gamme, toutes ces belles autos,

    mais on pense au forcing des concepteurs, des techniciens en open space,

    qui ont trimé, rongé leurs peaux de doigts jusqu'au sang,

    avalé des cachets pour le stress,

    pour arriver à produire tous ces beaux modèles.

    Une gamme, ce n'est finalement que ça,

    des voitures toutes différentes, mais pas trop,

    pour qu'on ait l'impression d'un tout ;

    mais qui a tenté de ranger ses livres par éditeur,

    et même tiens, par collection,

    sait bien que l'unité dans le temps est ce qu'il y a de plus impossible.

    Et le raccourci de gamme que cette pub nous montre le confirme :

    non, il n'y a pas d'esprit Toyota, oui tout ça est bien un leurre,

    chaque auto n'est qu'une icône, remplaçable en un tour de main,

    et mon utilitaire fera bien encore l'affaire.

     

     

     

     

     

     

     


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