• Wolf von Kries

    Ferme du Buisson

    Crédit photo Anthropia

     

     

    Régulièrement, je me dis que la solution à mes problèmes de ville,

    c'est la campagne.

    Hier, c'était un jour comme ça,

    j'ai pris le volant et me suis retrouvée dans le Cher,

    à Saint-Amand Montrond.

    Quitter son amant avec un t, pour en trouver un avec un d,

    est-ce une bonne idée ?

    Imaginez-moi, femme solitaire, attablée sous un tilleul,

    à la terrasse d'une auberge,

    une petite auberge, les auberges sont toujours petites,

    en face d'une grande abbaye, les abbayes sont toujours grandes,

    à Noirlac, pour être précis.

     

    Timide soleil, on devine le Cher pas très loin,

    et ce grain des feuillages au printemps,

    quand ils n'ont pas encore la consistance vert sombre,

    quand ils osent pousser après l'hiver à -10°.

    Parce que l'aubergiste me le confie, ici il fait froid l'hiver.

    C'est bien le problème, je ne vais à la campagne qu'aux beaux jours,

    comment saurais-je s'il fait bon vivre à Saint-Amand,

    quand la solitude froide vous accompagne ?

     

    Et puis, trouver un travail dans cette sous-préfecture,

    comment cela se passe-t-il ? J'apprends que la papeterie va fermer,

    et la gravière aussi, la cartonnerie a l'air de ronronner,

    mais pour combien de temps ?

    L'aubergiste me confie que les gens s'apprêtent à vivre au chômage,

    sans perspective de reclassement, à moins de quitter le bourg

    et d'aller à la capitale. Tiens, justement j'en viens.

     

    Alors Saint-Amand Montrond, son festival du grand Meaulne,

    son goût classique, les Chèrois ou les Chériens n'aiment pas la nouveauté,

    pas d'expo d'art contemporain dans les salles gothiques du lieu,

    métiers d'art oui, mais que du vrai, du lourd, du beau, du sculpté.

     

    Tout à coup, j'entends gratter à la porte de la chambre,

    c'est la chatte affamée qui réclame son dû,

    j'ai rêvé, d'amant point dans mon lit, ni d'Amand à ma fenêtre.

    Je m'éveille, presque bronzée de ma virée au bord du Cher.

    Ou comment passer des vacances sans quitter son flat.

     

     

     

     


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  • Crédit Photo Anthropia

     

    En aviron, on avance en se tournant vers l'arrière.

    Pour avancer dans ma réflexion sur la sale époque qu'on vit,

    j'avais envie de retourner à ce que Daniel Cordier ou Régis Debray

    appellent l'âme perdue de la France.

    Nous aurions perdu notre âme,

    lors de l'appel du 17 juin 1940 du Maréchal Pétain,

    et quand nous avons ouvert les portes de Paris,

    Paris Ville ouverte, aux Allemands.

     

    Mot désuet de deux vieux,

    qui n'en reviennent toujours pas de la débâcle ?

     

    Si on fait un petit retour au passé,

    nous serions tenté de les croire.

    Nous avons perdu la dernière guerre,

    les Américains et les Russes l'ont gagnée pour nous.

    De Gaulle revenant d'Angleterre à la fin de guerre,

    c'était renouer avec notre gloire, notre âme,

    et les descendants de De Gaulle,

    même Mitterrand et son passé de résistant,

    jusqu'à l'appel de Villepin contre la guerre en Irak,

    en incarnaient encore l'espérance.

     

    Mais depuis Sarkozy, depuis Hortefeux, depuis Besson,

    depuis notre entrée en bourgeois de Calais dans l'Otan,

    depuis ce débat sur l'identité nationale,

    depuis les cadeaux faits aux entreprises du CAC 40,

    n'a-t-on pas cette impression que l'âme de la France

    s'est cachée derrière le paravent du commerce

    et les circonvolutions d'une certaine forme de pétainisme moisi ?

     

    Je n'aime pas cette idée,

    pourtant jamais je ne me suis aussi peu sentie fière d'être française.

    Personne pour incarner au plus haut niveau de l'Etat,

    ce génie si particulier des Français,

    cette capacité à se révolter contre les privilèges,

    cette douceur de vivre passant avant le struggle for life,

    cette solidarité embrassant toutes les provenances.

     

    Personne.

     

     

     

     

     


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  •  

     

    A vos claviers.

    En surfant, qui aura gagné le plus grand nombre de poissons

    à la pêche aux poissons d'avril des sites ?

    Un petit jeu marrant.

    Sur le site Le Monde.fr, on peut y jouer en choisissant son poisson d'avril.

    Chez Me Eolas, l'annonce du jour vaut son pesant de cacahouètes.

    Allez chez @si, vous ne serez pas déçu,

    ils sont rachetés par Bolloré, eh oui, rien que ça.

    Chez Rue89, cherchez l'erreur.

    Bref, la journée ressemble à un dimanche de Pâques,

    en quête d'oeufs en chocolat.

     

     

     

     


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  • Alfredo Jaar

    1996

    Light boxes with color transparencies

    FIAC 2008

    Crédit Photo Anthropia

     

    Quand va-t-il entendre les fins de droit,

    les précaires, les paysans qui n'en peuvent plus,

    les ouvriers au chômage,

    les employés qui désertent les villes,

    les classes moyennes qui ne peuvent plus payer leurs loyers,

    le peuple enfin, le peuple ?

     

     

     


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  • Crédit photo Anthropia

     

     

    Tables de la loi, grand messe, fidèles,

    Moïse, alias Steve Jobs, a sorti la tora.

    L'arche d'alliance avec le monde en manque,

    pathétique.

     

    Ce type vend des pelles et des pioches,

    du cadre, de la boîte, du CANAL, et nous le révérons

    comme le dernier des prophètes.

     

    Comme si notre époque au sens préférait la mise en forme,

    les tuyaux,  comme si c'était cela qui manquait,

    alors que nous avons pléthore de supports,

    que nous ne savons plus quoi en faire.

     

    Bien sûr, on ne peut qu'admirer l'esthétique marketeuse,

    la subtilité de la firme

    à venir guetter peut-être un de nos besoins,

    elle nous indique l'air du temps,

    nous parle de nous,

    nous redonne goût au progrès,

    un progrès qui ne fait de mal à personne,

    ludique, gentil, design, dd.

     

    Mais c'est le tentateur, i-phone, 149 euros mini,

    un boulet mini de 100 euros/mois,

    une entrave qui fait coûter plus cher,

    le lire, le film, le lien et la rencontre.

    Et à présent, l'i-table, 500 dollars au bas mot.

     

    Vite, vite, un nouveau produit à dealer pour les uns,

    à sniffer pour les autres.

    C'est de la bonne, mais c'est immatériel,

    ce n'est plus l'alcool, le mauvais lait,

    c'est le contenant, la bouteille, la tablette,

    la garantie qu'il existe un biberon même vide,

    un goulot même pour du rien, du vide, du niente.



    Notre époque a trouvé son produit,

    la métaphore de tous les produits,

    le fond des choses,

    c'est que nous sommes dépendants à la dépendance,

    il faut de l'addiction, nous sommes devenus addictoliques.

     

     


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