• Sur la route, l'insolite

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    Back to the novel

    Repartir d'Anchorage, effacer certaines traces,

    les noms propres,

    en fait garder le reste, le détour par la pêche,

    une métaphore de la quête, je crois

    une métaphore de l'écriture,

    l'écriture en métaphore justement

    Faire la suite, mieux matérialiser l'autre personnage,

    celui qui est arrivé avec ses fulgurances,

    la rencontre avec lui, l'exprimer par en-dessous,

    le quai de gare, le rituel de rencontre,

    faire aussi la suite à Anchorage,

    j'y vois un travail sur la serveuse noire,

    l'exilée en Alaska, sur fond de musique,

    peut-être Carol King, pas it's too late,

    une autre chanson, retrouver les paroles,

    l'allégorie de l'Alaska, ce que c'est pour

    chacun de ces gens rencontrés là-bas,

    le dream-catcher, cadeau de Jackie,

    les cauchemards, peut-être,

    amitiés scène du port,

    chaleur humaine,

    puis sur le bateau, le jeu,

    les pulsions, ce temps alterné

    entre dehors on pêche

    dedans on joue, l'alcool,

    insérer dans tout ça, le flirt

    avec le personnage, tutti frutti réintégré

    autrement, en passant,

    puis la scène de l'animal, le royal salmon dépecé,

    longtemps du sang, scène du blanc revue,

    se profile la scène du zoo, sur fond de fait divers

    l'animal dangereux qui rapte le pied de la femme,

    puis la scène de l'avion.

    ça vient, c'est comme ça, une sorte de fil

    narratif, avant que les mots n'apparaissent

    dans les rêves, qui font se lever en urgence,

    5 heures du mat cette semaine,

    pour voler ça au travail,

    et puis le soir pour ramener,

    comme on ramène le filet de la pêche.

     

     

     


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    Cabane de Rom à St-Denis

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    Il va y avoir du train, j'aime les trains, j'aime les gares,

    un peu comme dans les nouveaux romans,

    j'ai laissé des indices, ça se corse,

    comment tresser en parallèle la scène à Anchorage

    et la scène à Paris, l'arrivée d'un train,

     il vient, un appel de Yacine, c'est le nom qu'il donne

    au téléphone,

    le faire tout en subtilité mais quand-même,

    il faut qu'on comprenne.

    Faire confiance au lecteur, sans rendre tout ça trop confus.

    Ou alors un rituel, construire un "make your own rite"

    comme écrit dans mes textes ci-contre,

    Cela se passerait le matin ou l'après-midi,

    12h au cadran solaire, c'est ça, l'heure du cadran solaire

    venu d'où, elle irait le chercher à la gare,

    comme ça tout est ouvert,

    où la scène des yeux, encore un petit effort.

    J'y arriverai.

     

     

     

     


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    Quoi que j'écrive, c'est ainsi, la peur est mauvaise conseillère, ça ne sert à rien, oui, les aller-retour, oui, est-ce que je pourrais ne pas l'écrire ce roman, non, est-ce que j'ai peur, oui, est-ce que j'ai choisi le rythme, la date, non, l'insomnie de cette nuit me dit que j'en rencontrerai des obstacles, comme celui d'avoir réservé mon dimanche pour ce travail et me retrouver à quatre heures du matin à lire mes mails et à y répondre, au lieu de me préparer au lever à 6 heures,  est-ce que ça m'ira, oui, comment ça se passera, n'en sais rien.

    Est-ce que c'est triste d’y aller lentement, non, parce que la joie du réel est là, que ce roman va s'écrire tout doucement, que j'y ai déjà mis toute ma patience, on la trouve, quand c'est important, j'ai confiance, Cécile Wajsbrot citant Virginia Woolf, le roman est la "suspension of disbelief", la mise en suspens de la méfiance, du doute traduit-elle. Elle a raison. A elle que je dois, cette envie toute récente de re-Berlin, comme une obligation.

    Pour moi Cécile Wajsbrot est une soeur, d'abord rencontrée par la radio, j'aimais sa voix, ce qu'elle disait, puis suis allée à la BNF à cette rencontre avec écrivains qu'elle organisait, Chloé Delaume, de cet auteur dont j'oublie le nom chez Allia, et de celui dont j'aimerais oublier le sien, Millet. Et ma surprise, alors que j'avais quitté bruyamment la troisième conférence, partie pour cause de haut-le-cœur devant ses mots orduriers, c'est qu'elle m'a mise dans son émission, elle a gardé toutes mes questions, et j'y ai vu comme un signe, mon fantasme bien sûr, celui que j'étais de la même famille, ce que m'avaient déjà prouvé les livres que j'avais lus d'elle.

    Pour moi, c'est Dos Passos, -et sans doute Dali et les surréalistes, introduits subreptice par un remplaçant, en cours de français, en troisième ou peut-être en seconde, racontant sa flamboyance de jeune petit con qui était aller pisser sur le terrain de son maître, et le maître l'avait reçu chez lui avec ses amis, plusieurs jours, comme ça, il avait commencé par un Ceci n'est pas une pipe, il avait lancé son stylo sur une table, et nous les petits cons on avait regardé, souri, ri et compris que la littérature, c'est ça, la subversion, la possibilité de tout et même de rien, enfin moi, en tous cas-, et puis Dos Passos, qui m'a appris qu'on peut tout mettre dans un livre, que rien n'est interdit et qu'on trace, et ça c’était avant que j’apprenne à lire, alors après.

    Suis-je si courageuse, non évidemment, j'ai miséré longtemps, je fourbissais mes armes d’apprentie, je quêtais, j’ai beaucoup quêté, alors on ne me retirera pas le résultat de ce cheminement, celui d'une légère brise, d'une agitation intérieure d'une écriture balbutiante, mais qui va.

     

     

     


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  • Port Manech

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    Me voici de retour, une belle journée d'hiver

    à Paris, des amis, des livres, des conversations,

    et back to taff.

     

    Que dire, je n'y voyais plus clair,

    la # 2 avec tous ses chapitres me donnait le tournis,

    puis cette voix est arrivée sur quoi, un second #2,

    l'anamnèse, et puis non, ce sera le chapitre #3,

    mais à revoir, le recentrer sur le sujet, il baguenaude,

    c'est ça le problème quand on part en voyage,

    on fait des détours pas vraiment utiles.

     

    Un grand nettoyage dans le chapitre #2 le recentre

    sur l'objet du livre.

    Les parties perdues seront sans doute réutilisées

    dans la # 3.

     


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  • Port Manech

    crédit photo anthropia # blog

     

     

     

    Rendez-vous à Anchorage.

    Prenez la route de Seward pour atteindre le village du saumon d'argent. Vous conduisez le long du Golfe d'Alaska, à l'ouest de Cook's Arm.

    Vous n'êtes pas seule. Le vent souffle.

    A Portage, de part et d'autre du highway, vous contemplez à perte de vue un paysage de lune. Le résultat d'un reflux.

    Celui d'un tsunami, un raz-de-marée qui s'est produit lors du tremblement de terre de soixante-quatre et qui, lorsque l'eau de mer s'est retirée, a laissé un glacis d'arbres noirs, givrés par le sel de mer. Imaginez sur plusieurs dizaines de kilomètres une forêt de troncs d'arbres et de branches exsangues comme ces violettes de cristal, prises dans le sucre, cristallisées pour l'éternité.

    Vous hésitez à nommer ce que vous voyez. Vous demandez à votre navigateur. Il vous dit juste ce que je viens d'écrire. Tsunami, des vagues de cinq mètres. Et vous voyez juste ce que je viens de décrire, des gisants d'arbres couleur de bakélite. Devant un tel paysage, perplexe, que peut-on devenir, géologue, climatologue, océanologue, analyste du chaos, théoricien des  catastrophes ? Peut-être juste poète.

    Mais vous n'êtes pas poète. Vous n'êtres rien. Votre histoire ne vous a pas appris que la vérité git dans l'esthétique. Vous croyez toujours qu'il y va des faits et, sous les faits, la justice et qu'il vous faudra traquer, trouver une piste et la suivre. Vous y tenir, surtout, ne pas lâcher.

    Une scène vient. Qui n'a pas existé, mais qui est vraie. Quoi, un faux souvenir, une fiction ? Alors c'est ça la poésie, un paysage suscité, plus vrai que si vous y étiez ?

    Vous aimeriez pouvoir arrêter la voiture, dire on attend, restons un peu là devant les paysages, ils vous fascinent, ainsi de moi, ce pêle-mêle, mais le navigateur ne vous laisse pas le choix, vous devez continuer la route, le village nous attend et au port les amis, le petit bateau de pêche, vous dont les lointains souvenirs de pêche datent de votre enfance, en Suisse, Le Pont, c’est son nom, vous ne savez même plus avec qui vous avez pêché cette première fois, c’était sans doute en décembre, aux aurores, une très froide matinée, où le givre recouvrait les arbres, vous étiez debout, assistant au lent travail sur la mouche à accrocher à l’hameçon, c’est l’homme qui est à vos côtés qui procède à l’opération, vous n’avez rien d’autre à faire que de contempler cette partie de pêche de truite à la mouche, au lancer, dit-il, tout vous est inconnu, qu’est-ce qu’une mouche, un moulinet, une canne, une épuisette, une truite, le lancer, vous voyez ce mouvement du poignet qui donne à sa canne l’allure d’un cornet tendu vers le ciel gris, vous regardez les objets autour de lui, sa boîte aux vingt mouches que vous l’avez vu confectionner la veille, ce matin, celle qu’il a choisie avec soin est grise et se confond avec la surface de l’eau, vous observez chaque mouvement, et son impact sur la rivière, comment l’hameçon pénètre le plan horizontal et se laisse tirer par le courant, comment l’homme laisse faire puis reprend la main, cet incessant chassé-croisé continu et discontinu, le style du pêcheur, c’est ça que vous comprenez, et toute à cet autre que vous contemplez, vous ne ressentez pas ce froid jusqu’à ce qu’il vous saisisse, comme émanant de la végétation, suitant de la terre,  remontant le long de vos jambes, l’humide s’insinue sous vos couches de vêtement et s’empare de vos membres, l’humide est un concept, il n’a pas de matière, il pénètre sans en avoir le droit, quand on s’en rend compte, quand vous êtes déjà là transie, et qu’il vous faut vous ressaisir, se scruter, tâter ses membres éteints, son cœur sans souffle, sa peau fermée, vous êtes dans la nasse, il est déjà trop tard, peine perdue à vouloir changer le cours des choses, enfin, non, mais le chemin est long qui brise l’humidité gelée en nous.

    Dans le rétroviseur, les derniers bras appellent encore que vous arrivez dans une petite ville, l'homme laissé là-bas, d’ici, maisons de bois, bardeaux horizontaux, couleurs effacées, le gris, le jaune pâle dominent, ce n’est pas encore le port mais vous en approchez, vous en sentez l’odeur, vous vous retournez vers l’arrière, le compagnon est là et le petit aussi, ils semblent assoupis, jet lag, quelques heures de sommeil manquent, arrivés à l’aube à Seattle, jetés dans la première correspondance, et nous voici happés par les bras du navigateur, il veut tout nous faire voir, cet espace à la même latitude que Bergen, qu’est-il venu y chercher, quelque chose comme un patronyme, relié à l'exil, Bergen nous est quelque chose en commun, mon cousin, le nom est là caché au creux de son identité, il s’est mis à distance, salue comme les navires de loin, mais il a pris place au-dessus de la mer, c’est sa force ici, il est chez lui, il vient de créer sa société, après avoir perdue celle de Tahoe Lake, Nevada, expulsé du paradis des joueurs, interdit de casino, mais qui perd gagne, ici il rencontre Jacky et la vie repart, c’est ça qu’il veut me dire, regarde, tout est beau ici, sorti des salles enjouées et enfumées, a retrouvé la respiration, peut-être me la souhaite-t-il aussi, sans me le dire, l’idée de la pêche en mer c’est lui, il aura deux ou trois idées comme ça durant le séjour, ma main sur sa jambe, il ouvre les yeux aussitôt, il baille, fait ce geste des mains qui frotte longuement ses yeux, les deux coudes de doigts dans l’orbite, trace d’enfance, trace d’indifférence aux autres, sensation qu’il jouit pleinement dans sa plénitude, comme un dos rond qui ne s’interroge pas sur pourquoi il est rond, pourquoi il est dos, il est dos rond plus qu’il ne le fait, ma propre sensation d’être à côté d’un plus clos que moi.

    L’homme du Pont, rien d’important, pas celui-là je veux dire, l'autre il vous pénètre mais pas là, pas important pour moi, le pêcheur, un générique, sans doute parce qu’il s’appelle Gay et qu’il a l’air si triste et qu’il habite là-haut dans une famille nombreuse, et que le soir, quand nous les garçons suisses américains français, et nous les filles suisses, américaines françaises dans la même chambre rangés sur les deux grands matelas en travers dans la largeur, y en avait pas suffisamment, on l’entendait remonter de Lausanne et nous dire, le veilleur de nuit a passé, si vous n’êtes pas endormis, il va venir vous chercher, et nous nous tenions chaud, un générique, le pêcheur, juste une image je crois, elle aime la technique, elle est fascinée depuis toujours par les hommes dans le geste, comment ça se prolonge avec la tête, la quête, du défaut, corriger, la tentative, jamais parfait, alors dès que ça se présente, elle se voit enfant, elle cherche les hommes de la technique, comment ça marche les objets, comprendre comment ça marche un homme.

    Et comment ça marche la langue, quand tout ce qui lui vient sous la main, c’est la grande ronde des vous, des nous, des je, des elle, le pêle-mêle, le voilà le grand rendez-vous avec, la personne est multiple, sa langue en moi, elle ne sait pas bien avec qui elle couche chaque soir, dans son pyjama, y a du monde, de l’antique et du Giotto, ce vieil homme entr’aperçu sous la crypte, qui est-il, elle ne sait, il lui est apparu une nuit, il se tenait debout en-dessous, dans la cave sous la cave de sous la crypte, le plus ancien, c’est ça qu’elle comprend, elle se relie à lui, il est le fondement, l’alliance ?, pas de dieu dans l’histoire, ou alors celui des autres, celui qu’elle voit leur faire des choses, leurs dieux, l’a cherché mais ça marche pas, pas assez imparfait pour elle.

    Vous reprenez la route, il sera l’heure d’un breakfast, O’Malley fera l’affaire, pas ces donuts au dais blanc sucré sous leur cloche plastique, café noir léger, pas de fried eggs et non pas de bacon non plus, jamais pu supporter l’irruption du grillé le matin, ni du gras, ni du cuit, le matin est à la vapeur chaude, au bitter, le temps de refaire l’unité, ça prend du temps, faire l’unité, le petit s’est réveillé et dévore, ses dents, ses yeux, ses doigts, tout à l’activité, il dévore.

     

     

     



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