• Esprit de Dali

    Crédit photo anthropia # blog

     

     

     

    Juste après, le nageur m’a dit, allons chez moi. J’étais montée sur sa moto, une anglaise, je l’ai suivi, un inconnu, les images défilent, le trottoir à juste proportion, des hommes me regardent, je suis en robe, ma robe remonte sur mes jambes, pas prévu ce retour, cet aller plutôt, on a redescendu le plateau de Vanves, avons pris rue Jean Bleuzen, et là boulevard Pinard, ça descend, ça descend,  un pressing, tiens un japonais, un fleuriste, une pompe, on va Place d’It, tout ce qu’il m’a dit, il sait où il va, moi non. Quand il a touché mes seins là dans l’eau, frisson, mon corps s’est plié, mes cheveux mouillés en vrac, pas pu résister, impérieux. Moto, moto, saccadé, le tablier du pont, des poteaux, des poteaux, des barrières brunes, des poteaux, rien ne résiste, il enfile toujours plus vite, la rue puis le périph, là on slalome, entre les autres, semble me dire, tu vois, y a pas d’obstacle, on se joue des voitures, on va mettre tout droit devant, tournis, m’accroche à lui, plus fort encore, sens sa chaleur, ma tête dans le col de son blouson, son odeur, pas pu résister, votre Honneur, Son Honneur, Sa Majesté, qui a dit qu’on pouvait, moi peux pas, même l’image du petit, de l’autre homme, le nageur en a fait fi, comme ça, à la seconde, le froid sur mes cuisses, il met sa main dessus, le chaud Heat, It,  l’avait préparé son coup, l’avait un casque, c’est comme ça, et les nuages là-haut qui me narguent, beau temps sur la capitale, un tout petit là qui me dit je te vois je te vois, God nose, le nez de Dieu, on n’la lui fait pas, mes mains sur son ventre, à quelques doigts, les jambes écartées derrière lui, la moto penche, je penche aussi, pas d’autres solutions, sa solution, me fondre, le fondre, combien de temps sans cette palpitation, c’était quand l’autre la dernière fois, si longtemps, vécu à côté d’un mort-vivant, lui, c’est Pégase, prend sans d’mander, vient fouiller, qui a dit oui, personne n’a dit non,  rapt, rapt, moi Sabine, enlevée consentante, tape dans mes fantasmes, tape, tape, il accélère, je me plaque à lui, il freine, encore plus en moi, son cul en moi, l’amour à l’arrière déjà, il le sait ça, le bruit du moteur, la brutalité des freins, le changement de régime des vitesses, tout est déjà vrombissement, la cuiller mon écuyer, la cuiller mon guerrier, déjà cascade, avant sa deuxième main sur moi. A la Porte, terminé, on va peut-être s’arrêter, un feu sans doute dira stop, mais le feu dit oui, il dit vert, et puis ce sont les haies, toutes coupées, en file indienne, me grifferaient, pas pu m’éjecter, pas voulu, trois cent mètres de vert, l’annonce du buisson, l’annonce du feu de forêt, elle l’avait aimée la forêt, celle qui annonçait, celle qui montrait clairière, et peut-être tiens préliminaire, mais là, c’est la stance moto le préliminaire, fait office de, la clairière sera en haut d’une tour, il s’est engouffré, nous a engouffrés dans le gris du parking, les limbes, l’attente, histoire sans parole, c’est moi qui fait la bande-son, osez, osez, Joséphine, juste là dans ma tête, le béton même pas ciré, il va me cirer, le béton mal fini, troué, les piliers, la quête, et tourne et retourne, n’en finit plus ce conduit,  cherche une place où se mettre pour mieux me mettre, s’arrête, saute à terre, retire son casque, retire le mien, me prend les seins, ses lèvres sur ma bouche, m’écarte, m’envahit, mes lèvres donnent, donnent, à toi, et puis c’est l’ascenseur.

     


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  • Crédit photo anthropia # blog

     

    J'aurais du me méfier dès ce matin,

    ça a commencé avec trois photos

    d'une île anglo-normande

    qui refusaient

    obstinément d'être téléchargées,

    trop lourdes, problème photoshop

    toujours pas réglé,

    quand tu cognes sur le réel, ça fait mal,

    j'ai passé la journée à accumuler les documents nécessaires,

    à limer les angles, à gérer les contours,

    ça avance, mais ce qui freine,

    c'est l'élan, parce que demain, après-demain, mercredi

    je rentre dans le tunnel, et que ça bouche l'horizon,

    presque physiquement, ça me tétanise,

    je sais que l'énergie, c'est là que je vais la mettre,

    alors, en attendant,

    ça travaillera dans la boutique obscure,

    généralement ça marche bien,

    ça crée une telle frustration

    que le soir, et dès que j'ai une minute,

    ça jaillit comme une source.

    Donc, c'est pas si mal.

    Demain Bordeaux, mardi Paris, mercredi St-Rémy de Chevreuse.

    Voilà le programme, demandez le programme.

     

     


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  • Fenêtre 2

    Crédit photo anthropia # blog

     

     

    Fin du chapitre # 2 : oui, je sais ça recule,

    le chapitre se réorganise aussi, patience ça vient

     

     

    Une performance au domaine de Kergehennec : Bretagne |

     

    C’est sa première performance en public. Cela se passe au domaine de Kergehennec, on y a aménagé pour elle une tente blanche, le fond est un immense écran  à la taille de l'espace. Elle est face au public. Elle est l’auteure du script, l’actrice de l’événement, sur le fond, sur le mur, tourne une vidéo dans laquelle elle, devant. La vidéo d’abord, le clapotis d’une pluie, la longue litanie des cercles en gouttes d’eau, recomposées sans cesse, les gouttes en abstraction, la pluie fait des claquettes, c’est cela qu’on se dit quand on voit l’image, des cercles à côté de cercles, ça se mélange, puis se sépare à nouveau, du pâle, des éclats, de la géométrie de pointillés, des auréoles, des larmes, mais toutes rondes, les larmes dans leur passage abstrait, quand elles font forme, qu’elles ne figurent plus, mais cadrent le ready made, cadrage donc sur la pluie, puis tout à coup se mute, même abstraction, mais cette fois de courbes, éléments animés, on comprend le froid reflet de l’eau toujours, gros plan puis élargi, effet de masse, le ballet des lucioles, sur bleu, le miroitement de l’eau, d’une eau Pacifique, recul de l'objectif, hypothèse d’océan, d’une île à l’horizon, on comprend qu’il s’agit de la mer, ou d’un espace de bleu, la ligne à droite, peut-être une jetée, c’est le bord, un bord rectiligne qui marque la clôture, non la clôture, mais la coulure, une ouverture, le sens, ce qui donne le champ, la rampe de lancement, encore horizontale, mais qui fait flèche, va là-bas.. A l’horizon le vert, par une baie aperçue, la caméra remonte, donne le panorama et donc le sens, peut-être une piscine, la froide association de l’alu, du bleu et du verre, et puis un paysage, mais elle n’y est pas encore.

    Alors elle se détache, elle vient devant l’écran, elle est bleue la femme bleue, mais d’un bleu chatoyant, elle est nue face aux gens, mais son corps n’apparaît que recouvert du bleu, ça caresse, ça effleure, ça cache et ça révèle. Elle bouge lentement les bras, s’agit d’un crawl, d’une lente gymnastique, tête dedans vers l’avant, tête dehors penchée sur le côté, elle organise, respiration, mouvements de palmes des pieds, albatros elle marche empêtrée, puis retour à l’image, elle est seule à fendre les flots, pourtant ça bouge, la surface est plissée, quand elle tourne la tête, tout à coup, ne sait comment, une autre tête apparaît, n’a pas vu arriver le nageur, sorti d’une longue apnée, sans doute après plongeon, c’est pourquoi l’eau qui bouge, ne la regarde pas, nage consciencieusement le même crawl en absence, de concert et tous seuls, chacun nage sa voie, elle accélère un peu pour se mettre à hauteur, ne la regarde pas, relâche la tension, ralentit, lui aussi, semble l’attendre, elle repart, deux bonnets à présent, vues de dos, les nuques, l’humain dans le néant, même hauteur à présent, mêmes mouvements, se synchronisent, nagent en concertation sans dialogue toutefois, et ça dure et ça dure, la piscine comme marathon, comme longueur infinie, la piscine comme métaphore d’un chemin, mais lequel, fondu au bleu, au vert, réouverture, ne savons ce que nous voyons, un bonnet premier plan et puis intermittence un autre bonnet juste devant, ça monte et ça descend, comme une vague sur la vague, nous comprenons les bras de l’un juxtaposés à l’autre, nous comprenons deux corps l’un sur l’autre, nous comprenons qu’ils nagent l’un en l’autre, que l’un fait couverture, que l’autre est à l’avant, mais seuls bonnets, pas les corps, enfoncés dans l’eau, supposés, au loin un murmure, une parole d’enfant, é,é, é,é, à peine un vagissement, bébé, ça sait pas bien parler, et puis ça se rapproche, la musique à présent, un prélude, Debussy, juste les quelques notes du début, et on entend les mots, écrire, écrire, ça tremble dans la voix, et gonfle l’autre voix, celle d’un homme, douceur, où es-tu née ?, un dialogue, la caméra poursuit la route, les dépasse, puis s’éteint. Elle allongée au sol, le corps qui se soulève, qui frémit, et puis fondu au blanc.

     



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  • Fenêtre

    Crédit photo anthropia # blog

     

    La réflexion m'a permis de prendre du recul

    sur ce tapuscrit/blog qui se cherche.

    Tout d'abord, la réminiscence,

    qui est bien l'objet de la # 3,

    doit trouver sa voie, voix,

    le je enfant et adulte réminiscent,

    mieux l'entendre,

    ensuite, le récit doit tresser, pas seulement

    inciser, l'homme resté là-bas et la vie à Anchorage.

    C'est l'irriguant, l'urbain, la chaleur, le corps

    qui aide la narratrice à se retrouver,

    le Je est donc d'abord un Nous.

     

    Une question : faut-il l'annoncer en chapter # 2,

    parce que là, il paraît un peu tombé des nues

    ou remontée des bas-fonds,

    en tout cas, il aura bien un aspect Neptune,

    dangereux dans le sens où il remet en question les certitudes,

    et réchauffant au sens où la narratrice est dans une impasse

    à la fois mnésique et relationnelle avec son mec.

    Mais là la question, c'est de savoir si je vais alterner les parties,

    le voyage à Anchorage et la rencontre plus lourde avec l'amant,

    et c'est compliqué parce que si on met ces bouts de textes,

    il font trou/rupture dans le récit de voyage,

    perdant ainsi du climat "froid".

    Autrement dit je me demande

    si je dois souffler le chaud ET le froid.

     

    Pour quels souvenirs ? Sur quels nouveaux souvenirs

    doit déboucher le voyage en Alaska ?

    J'avais au départ prévu que l'anamnèse débouchait

    sur à nouveau la scène du lit de l'hôpital,

    mais ça ne fait pas avancer le récit,

    par ailleurs, il y a le contexte de l'accident,

    les tenants aboutissants les parents,

    montrer que le trauma est d'abord dans leur absence,

    l'un pour cause de ses propres traumas,

    l'autre par normopathie congénitale,

    non congénitale, réactive, anti,

    renégate de son père et de sa mère.

    Et tout ça sans le dire.

    Ne nous trompons pas d'allié, l'homme dans la voiture,

    n'est plus depuis longtemps le right man at the right place.

    Ce serait une histoire d'amour-écriture, voilà.


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  • Reportage dans un club d'aviron

    crédit photo anthropia # blog

     

    Après ma délicieuse ballade de ce jour,

    dans un froid glacial mais stimulant,

    en passant devant les délicieux Daffodils

    j'ai visé ce petit restaurant près des Rois,

    où nous avions mangé une fois,

    puis j'ai fait cette balade dans les jardins

    de la Légion d'honneur, à la française,

    parfois ça a du bon, même si je préfère

    les jardins à l'anglaise, ce bout de fourré

    derrière le Jardin des Plantes,

    on s'y perd délicieusement,

    puis je suis allée visiter cette expo au 6B,

    faites le détour je vous assure, c'est bien ce lieu,

    enfin j'ai déserté les écluses pour rentrer ici,

    ici où se construit le texte, comme prévu

    la programmatique me tient lieu de rampe.

     


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