• Séchoir à ailes

    crédit photo anthropia # blog

     

     

     

    Aujourd’hui, Mina m’a dit que la police avait détruit leurs baraques il y a deux jours.

    Robert était à côté d’elle, il est devenu nerveux en entendant sa mère, il a tordu le sac de plastique translucide avec lequel il jouait, trois crayons à l’intérieur en ont transpercé la texture.

    Elle dit qu’ils dorment désormais dans le parc de Saint-Denis, à même la terre, qu’ils ont eu froid cette nuit, ils n’ont pas pu prendre toutes leurs couvertures, quand ils se sont échappés du camp.

    Trouver une couverture. Voilà c’est ça qu’elle m’a demandé.

    Rendez-vous pris pour demain, là, devant le Franprix.

    On parle de foot avec Robert, il se détend, il est bon en foot, il réussit ses tirs. Avec ses copains, ils jouent dans le parc.

    Mina, ses yeux s’éclairent, ils aiment bien les enfants jouer dans l’herbe, c’est beau le parc, avec les fleurs.

    On sourit. 


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  • C. Molusson

    3 Installation Un bon plan

    2005

    Crédit Photo Anthropia (prise à la Box de Bourges)

     

     

    Il est des matins où le corps pourrait exulter, mais qui ne s’y risquera pas. Au frimas qu’on croit déceler sur les arbres du petit bois en face de la chambre, à l’annonce si triste apprise le matin même, à la vision de ces hyènes ricanant, qui revendiquent d’interdire aux autres ce qu’ils veulent garder pour eux, le corps se lève, quelle plus grande urgence que celle de marcher, pour aller au marché justement, et de secouer ces petits bouts de réels, qui vous ont envahie depuis que le vent souffle.

    Limonade, alles war so grenzenlos. Limonade, tout était si infini. Et sur le chemin, je tombe sur les eaux vertes, je veux dire, je croise Mina, assise par terre, jambes repliées sur le côté, tenant près d’elle son fils Robert. Le fils a lui aussi les yeux de marécage, ils font tout deux comme un lien avec leur regard, comme un message codé en morse, trait-point-trait, point-point, trait-point-trait, figurant dans la séquence ouverte la lignée généalogique, l'appartenance à la famille des Cheminants, et plus prosaïquement les eaux troubles du canal de Saint-Denis, là d’où ils viennent, là où ils dorment, coincés entre les bardeaux de bois, recouverts d’affiches de Johnny piquées au Grand Stade, dont ils ont fait leur demeure.


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