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    La logique de l'action politique me pose souvent problème. Tiens, prenons les socialistes, le groupe socialiste, plus exactement à l'Assemblée nationale. Le mois dernier, ils n'étaient que quelques-un dans la nuit à voter contre l'amendement ADN et le reste. On ne les entendait pas. 91 membres de la droite votaient pour, 91 on les avait chez les socialistes, mais ils n'étaient pas là pour s'opposer valablement. Une sorte de deal était passé. La présence des députés est organisée, pour ce genre de vote, on s'arrange pour distribuer les votes à due-proportion des pourcentages d'élus dans la chambre. Donc les socialistes n'étaient que 45. Ils n'ont pas par exemple mobilisé tous leurs élus, pour qu'ils arrivent au petit matin et votent contre. C'est ainsi la politique, on fait des impasses. L'immigration en est une.

     

    Puis le Sénat se réveille, il donne la charge, la brèche s'ouvre côté UMP. Même Pasqua -qui lui a quelque chose à dealer, la mansuétude à l'égard de son fils- se met à établir des comparaisons entre les tests ADN et la période de l'Occupation, mais bien vite dira qu'il votera pour la loi, entre temps, sûrement, le chantage a fonctionné, on a dû lui donner des garanties.

     

    Alors, le PS, le groupe socialiste à l'AN,  se dit tout à coup que c'est un sujet, qu'on peut y aller et il se met à dire ce qu'il pense, plus haut, plus fort, plus incisif.

     

    C'est ainsi que les choses vont dans la politique politicienne, on s'économise, on ne donne que les batailles qu'on peut gagner, on s'épargne les combats sans issue apparente. C'est ainsi que va le fossé entre les citoyens et les partis, car eux quand ils s'indignent, ce n'est pas par calcul politique, c'est parce que SUR LE FOND ils ne sont pas d'accord, qu'ils trouvent injustes et indignes le sort réservé à ces migrants.

     

    Quand les édiles du parti socialiste auront compris que la politique n'est pas seulement un calcul de probabilités, mais aussi des convictions, des points de vue sur le monde, et que s'économiser est une stratégie de gagne-petit, peut-être aurons-nous des chances de gagner les prochaines grandes échéances.

     

     

     


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  • Diego Perrone La mamma di boccioni in ambulanze e la fuisione della campana

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    J'ai gardé d'une méfiance ancienne à l'égard des religions le réflexe de ne pas habiter près d'une église. J'ai toujours pensé que les cloches qui y sonnent sont faites pour envahir ma vie privée, pour remémorer aux chrétiens leurs devoirs à l'égard de Dieu. Mais me le seriner au creux de mon lit, quand je fais l'amour, dans mon bain ou lors d'un repas, c'est distiller à mon cerveau gauche via le rythme campanile les messages subliminaux de deux mille ans d'interdits de tous genres. Un peu comme dans ces villes arabes où chante le Muezzin, grande ressemblance de ce point de vue avec notre histoire occidentale.

     

    Et comme pour tout ce qui essaie de me manipuler à l'insu de mon plein gré, je préfère ne pas.

     

    A Colmar, au XIIIème siècle, une cloche avait été mise en place, la Zenerglocke, la « cloche des dix-heures », qui sonnait le soir et qu'on surnommait aussi Cloche des juifs, car elle signalait aux Juifs l'heure de quitter la ville, ceux-ci n'étant pas autorisés à dormir intra-muros. C'était l'époque des grandes pestes médiévales, des accusations d'empoisonnement des sources et des puits, des pogromes. Celui de Strasbourg en 1349 avait aussi eu pour conséquence de mettre en place une Cloche des juifs,  sonnant chaque soir le couvre-feu et cette obligation de quitter la ville. Cette pratique était répandue et s'est prolongée jusqu'à la Révolution française. A Neuviller-lès-Saverne, le bourdon, appelé Bürgerglocke (cloche citoyenne), sonnait chaque soir à dix-heure. Dès qu'en tintait le premier coup, les autres églises reprenaient en chœur la sonnerie et l'on fermait les portes de villes. Dans d'autres villes, on mettait des chaînes dans les rues. 

     

    Il n'y avait pas que les Juifs qui étaient concernés. A Colmar, les protestants aussi devaient quitter la ville. Et chaque soir, donc, chaque corps de métier devait replier son tablier, ranger son établi, prendre sa vareuse, chaque homme de la religion honnie désenlacer une femme aimée et quitter la ville pour rentrer chez soi, dans les villages et bourgs voisins, la banlieue, le long de routes sans lumière.

     

    Je me suis laissée dire par un protestant, il s'est présenté ainsi, qu'à Colmar, chaque soir à 22 heures, elle sonne toujours, la Zenerglocke, et qu'à cette heure plus proche du loup que du chien, il y pense, il ne plie pas bagages car il vit là, mais il sait ce qu'elle signifie. 

     

    Bien sûr, elle n'est plus que le symbole de cette autre époque, les portes de la ville ne se ferment plus derrière lui, mais il se sent convoqué à revisiter l'histoire. Petite madeleine, qui vient lui rappeler quotidiennement le statut de ses ancêtres coreligionnaires, par la cloche de dix-heures, il est toujours le paria de la ville catholique.

     

    Et je me dis qu'une région et une Eglise, qui conservent sans scrupule de telles traditions, devraient peut-être revoir leurs pratiques. Parce qu'après tout, nous vivons sous un régime républicain, où chacun est prétendument égal à chacun.

    Pour en savoir plus sur les cloches de nos villes, lisez cet article intéressant d' Eric Sutter
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